samedi 5 novembre 2011

Martinès de Pasqually

Martinès de Pasqually, un énigmatique franc-maçon théurge du XVIIIème siècle, fondateur de l’ordre des Elus Coëns de Michelle Nahon, Pascal Galodé Editeurs.

Michelle Nahon vous est familière comme présidente de la Société Martinès de Pasqually depuis 1997. Elle signe là un ouvrage historique de référence sur le fondateur énigmatique de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns. Fruit de vingt années de recherches et d’un travail collectif rigoureux, cet essai tente de cerner la personnalité insaisissable de ce théurge inscrit en Franc-maçonnerie et de retracer un parcours parfois chaotique. Ce faisant, Michelle Nahon pose les jalons d’une histoire raisonnée de l’ordre qui lui aussi ne se laisse pas aisément découvrir, tant en ses formes qu’en ses finalités opératives.

Martinès de Pasqually, tout comme Cagliostro mais avec moins de polémiques sans doute, fascine, intrigue et effraie parfois le milieu maçonnique français dont il force quelque peu l’entrée grâce à des patentes étrangères. Martinès a un projet très précis, inscrire dans un cadre et un contexte maçonniques un ensemble théurgique non maçonnique qui constitue un culte théurgique. Toute sa vie sera organisée autour de ce projet qui, quoique très avancé, restera inachevé à sa disparition. Beaucoup d’imprécisions n’apparaissent qu’au moment d’opérer et il faudra aux « émules », Saint-Martin en tête, penser ce système complexe, en chercher la logique interne, pour trouver des réponses sans lesquelles les rituels ne sauraient être accomplis.

Michelle Nahon nous raconte la vie d’un homme, de ses compagnons d’aventure, de ses adversaires aussi, une vie pour une part bordelaise puisque Martinès de Pasqually vécut à Bordeaux de 1761 à 1772. Elle permet de comprendre la genèse temporelle d’un mouvement qui eut et garde une influence considérable sur l’illuminisme en général.

Le livre ne résout pas toutes les énigmes que posent la vie et l’œuvre du personnage, c’est d’ailleurs impossible, mais il pose un cadre rigoureux à la recherche historique. Il montre aussi combien la pratique théurgique est difficile quand le contexte devient hostile et il le devient rapidement. D’incompréhension en incompréhension, une question demeure posée pour Martinès comme pour Cagliostro : « Ne vaut-il pas mieux pour vulgariser un système interne éviter la tentation maçonnique ? ». Cette question, régulièrement débattue dans des collèges internes au cours des deux derniers siècles, trouve dans ce livre des arguments contradictoires mais qui ne manquent pas d’intérêt.

Enfin, Michelle Nahon, dans sa conclusion, rappelle qu’elle ne fait pas de l’archéologie mais traite d’un sujet vivant :

« L’Ordre de Martinès est resté en sommeil et son fils ne l’a pas remis en activité, mais ce n’est pas pour autant que sont perdus tout ce travail, tout cet enseignement et tous ces textes. Le Maître a su apporter à ses émules une formation solide, critique, éthique, avec des bases de réflexion philosophique et une forme d’ésotérisme chrétien qui vont leur permettre d’avoir un rôle important dans l’évolution de la franc-maçonnerie et de l’illuminisme. A cette formation théorique, il a ajouté des techniques qui leur ont permis d’être dans une certaine réceptivité et de développer une capacité à se mettre à distance des événements et des idées reçues. »

Pascal Galodé Editeurs, 18 rue de Toulouse, 35400 Saint-Malo, France.

http://pascalgalodeediteurs.com