jeudi 27 décembre 2012

La Pierre cubique à pointe


La Pierre cubique à pointe par Jeanne Leroy, collection Les Symboles Maçonniques, MdV Editeur.
Les Compagnons opératifs rappellent régulièrement aux Francs-maçons qu’ils ne doivent pas oublier la Pierre cubique à pointe, parachèvement de l’œuvre, ultime justification du voyage et du choix initiatique de l’alternative nomade.
Jeanne Leroy nous offre une synthèse nécessaire sur ce haut symbole sans lequel l’édifice maçonnique perd son orient. Présente depuis l’Antiquité, la Pierre cubique à pointe évoque les aspects terminaux de la queste initiatique. Le sommet de cette pierre indique le point sublime, le centre, l’omphalos où se réduisent toutes les antinomies, où la dualité se dissout dans la non-dualité.
« L’accès à ce point sommet, précise Jeanne Leroy, correspond à la parfaite maîtrise de soi qui amène l’être spirituel, dans le non-agir, à s’identifier au moteur immobile en s’assimilant au point et s’unissant par là avec le principe. »
Il est intéressant de noter que notre Franc-maçonnerie, si malade du monde et de ses divisions, bâcle souvent le grade de Compagnon hors la Pierre cubique à pointe est le chef d’œuvre du Compagnon fini. Renouer avec ce grade et sa finalité, restituer au voyage sa fonction initiatique authentique, et non en une amicale « virée des loges », est l’un des axes d’une restauration de la Franc-maçonnerie initiatique :
« Tout l’enseignement maçonnique est donné dans son intégralité dans les trois premiers grades dits bleus : Apprenti, Compagnon et Maître. Ceux-ci ont des prolongements et des approfondissements dans tous les rites par un système dit de hauts grades.
Dès lors, le Maçon retrouve le développement de la pierre cubique à pointe comme synthèse de toutes les connaissances au 2° et 4° Ordre du Rite Français, ainsi qu’aux grades de Grands Elus de la Voûte Sacrée, au 14ème degré, à celui de Chevalier Rose-Croix au 18ème degré et à celui de Grand Elu Chevalier Qadosh au 30ème degré du R.E.A.A..
Cet aspect synthétique voulant présenter le résumé des connaissances, montre bien l’étendue de l’œuvre de recherche du Compagnon pour se transformer en Compagnon fini et appréhender l’intégralité de la Tradition. »
Jeanne Leroy s’attarde à juste raison sur la Pierre cubique à pointe surmontée d’une hache fichée en son sommet. La hache est souvent associée à la foudre et rappelle l’axis mundi :
« La hache ainsi que le marteau ou la pioche tranchent par la force, ouvrant ce qui est ordinairement fermé. Ils y font ainsi pénétrer la lumière par l’éclair qui frappe, telle la foudre  qui s’abat, image de l’illumination initiatique. »
Symbole de la maîtrise des arcanes de l’initiation et de l’œuvre, ce symbole opératif, par son déploiement, est porteur de toute la connaissance traditionnelle, résultante d’une théophanie qui trouve sa réalisation dans l’accomplissement de la Pierre Philosophale. Jeanne Leroy conclut ainsi cette nécessaire introduction :
« De la simple pierre cubique à pointe polie élaborée par le compagnon fini, cette pierre est un récapitulatif de l’ensemble de la Connaissance du Grand Elu. Ce message est gravé dans la pierre à l’image des obélisques.
On peut considérer qu’au terme de l’ascension pyramidale, l’initié accède à la quintessence de l’être, à l’union au verbe, semblable à celle du pharaon défunt qui s’identifiait, au creux de la pierre, au dieu immortel. »
D’autre part, Elle cite de manière pertinente un extrait du Traité de la réintégration des êtres de Martines de Pasqually qui, en quelques mots, justifie le recours à l’externe et le processus qui conduit de celui-ci à l’interne et au point ultime :
« Considérons le temps comme l’espace contenu entre deux lignes formant un angle. Plus les êtres sont éloignés du sommet de l’angle, plus ils sont obligés de diviser leur action pour la compléter ou pour parcourir l’espace d’une ligne à l’autre ; au contraire, plus ils  sont rapprochés de ce sommet, plus leur action se simplifie ; jugeons par là quelle doit être la simplicité d’action de l’Être principe qui est lui-même le sommet de l’angle. Cet Être n’ayant à parcourir que l’unité de sa propre essence pour atteindre la plénitude de tous ses actes et de toutes ses puissances, le temps est absolument nul pour lui. »
MdV Editeur, 16 bd Saint-Germain, 75005 Paris, France.