mardi 18 octobre 2011

La Voûte Etoilée

La Voûte Etoilée et l’astrologie initiatique de François Figeac, collection Les Symboles Maçonniques, Maison de Vie Editeur.

Nouveau titre de cette précieuse collection, La Voûte Etoilée et l’astrologie initiatique traite d’un symbole majeur de l’édifice maçonnique, trop souvent négligé.

« La voûte étoilée est une matrice dans laquelle temps et espace ne font qu’un : l’espace devient temps au fur et à mesure que la Lumière le traverse. Chaque heure se manifeste par l’apparition à l’orient, au moment où le soleil émerge des ténèbres, d’une étoile, ou d’un groupe d’étoiles formant une constellation remarquable. Avec les planètes et les astres, ces étoiles particulières composent les membres d’un grand corps, celui de l’Être cosmique. Lorsque la Lumière a parcouru la totalité de ce corps, l’être cosmique est reconstitué et son corps régénéré. Par le symbole de la voûte étoilée, le temple maçonnique est en relation avec l’éternité, non seulement une éternité de l’instant, mais également une éternité des cycles. La présence de la voûte étoilée dans le temple permet donc de participer de ces deux éternités dans lesquelles s’inscrivent les tenues maçonniques. »

L’auteur fait remarquer avec justesse que si la voûte étoilée, lieu des naissances et des renaissances qui évoque l’œil Oudjat de l’Egypte ancienne, « couvre » et protège le temple, objet et creuset de l’œuvre tout à la fois, elle est à la fois une porte et un enseignement.

François Figeac insiste sur la fonction du rite par qui « un lieu d’éternité devient un éternel présent ». Ce retour opératif à l’instant de l’origine donne accès au monde des naissances et des puissances.

« Le Rite est inséparable de l’astrologie initiatique. Celle-ci, en effet, montre comment vivre en cohérence avec l’ordre céleste et comment tisser le lien qui unit naissances et puissances. L’astrologie initiatique offre la possibilité de connaître le ciel des causes et de le concrétiser en édifiant une voûte étoilée qui soit une authentique matrice de naissance, et un support de recherche constant pour une loge initiatique. (…)

La connaissance astrologique fait prendre conscience du lien existant entre les êtres incarnés dans un espace-temps et la matrice originelle dont ils sont issus. La voûte étoilée, qui met au monde chaque jour les puissances de création visibles dans le ciel par leur forme stellaire, est le rappel constant de la pertinence de ce lien qui invite les êtres à dépasser leur destin individuel pour participer à la transmission de la lumière. »

Renouant avec l’approche hermétiste, l’auteur met en évidence l’opérativité d’une astrologie initiatique reliant l’être de l’individu au grand corps de l’Homme cosmique. Il s’agit de rétablir l’acte magique en soi : le bon geste, au bon moment, au bon endroit, ce que toutes les traditions recherchent à travers la présence.

Maison de Vie Editeur, 16 boulevard saint Germain, 75005 Paris, France.

mardi 4 octobre 2011

La prière silencieuse

Petit traité de la prière silencieuse de Jean-Marie Gueullette, Editions Albin Michel.

Prière monologiste, prière sur un mot, prière du silence intérieur, oraison de simple regard… il existe bien des manières de nommer une pratique chrétienne fort ancienne, très pratiquée au XVIIème siècle en France, malheureusement oubliée, qui consiste à se consacrer à la répétition intérieure d’un nom de Dieu pour se rappeler d’instant en instant la présence divine, pratique qui évoque l’hésychasme des Eglises orthodoxes, dont elle n’est pas éloignée.

Ce magnifique Petit traité de la prière silencieuse est l’œuvre d’un dominicain, Jean-Marie Gueullette, docteur en théologie et médecine, professeur de théologie à l’Université catholique de Lyon, directeur du Centre interdisciplinaire d’éthique. Il est notamment connu pour ses travaux sur l’influence de Maître Eckhart en France au XVIIème siècle.

Forme de prière parmi d’autres, cette manière de prier fait partie des voies directes, simple, très simple, et donc difficile pour nos consciences agitées. Trop austère pour certains, parfaitement ajustée à d’autres quand le temps est venu de se simplifier, de se dénuder, cette pratique (ou cet art) a la même fonction que certaines pratiques de méditation orientale, se rapprocher de soi-même, laisser libre la place pour l’être, le soi, Dieu, quelle que soit l’approche, « laisser ce qui n’est pas dieu ». Ce rappel à Dieu, ou le ressouvenir de la présence de Dieu se fait par un mot unique, désignant Dieu, Abba, Adonaï, Kyrie eleison, le nom de Jésus, etc., le nom que l’on donne, spontanément, à Dieu, chemin naturel vers le sanctuaire du silence. C’est tout à la fois un combat, contre toutes les périphéries phénoménales et un lâcher prise à ce qui est là, une technique et une absence de technique, un regard vers Dieu et un laisser faire, laisser Dieu nous dévisager pour se reconnaître en nous. On voit là l’influence de Maître Eckhart.

« La prière silencieuse est une activité, marquée par cet acte intense de la volonté, par l’acte de foi inlassablement renouvelé en la présence de Dieu. Pourtant il s’agit de rester sans rien faire en présence de Dieu. »

Jean-Marie Gueullette met en garde à la fois contre le symbolique, nous sommes bien au-delà, contre la réduction du nom, le nom désigne l’indicible, contre l’expérience, nous sommes aussi par-delà toute sensation. Il rappelle l’absence de tout rapport objet-sujet, de tout désir causal, de toute finalité, de tout sens, de toute relation d’attente… Il insiste sur l’attention du cœur.

« La prière est donc un mouvement inlassable de reprise de soi, dans lequel le croyant se rattrape lui-même dans son mouvement vers l’extérieur, pour ramener son attention et donc sa présence en lui-même, où Dieu l’attend. »

Editions Albin Michel, 22 rue Huyghens, 75014 Paris.