mercredi 22 décembre 2021

Bulletin de la Société Martines de Pasqually n° 31

 Bulletin de la Société Martines de Pasqually n°31

Thierry Lamy a récemment succédé à Michelle Nahon à la tête de la société afin de poursuivre les travaux et ce numéro 31 est le premier publié sous sa présidence.

Sommaire : Avant-propos du président. Jean-Baptiste Willermoz : coën paradoxal, par André Kervella. Il était une fois les élus coëns de désir – III : mai 68 chez les élus coëns, par Serge Caillet. Guillaume Denis Molinier, potier, arpenteur du Roi et alchimiste, par Jean-Louis Boutin. Présentation du corpus élu coën – 7, par Thierry Lamy. 

André Kervalla, à quelques mois du 240ème anniversaire du Convent de Wilhelmsbad, interroge le parcours initiatique de Jean-Baptiste Willermoz et met en évidence ses contradictions, ses ambiguïtés. Il dépeint aussi les relations souvent toxiques qui animent les principaux dirigeants d’organisations traditionnelles impliquées de près ou de loin dans cette période qui aboutit à la fondation du Régime Ecossais Rectifié. Avec le recul, c’est aussi l’impossible conciliation de la fonction initiatique avec les ressorts de l’organisation qui saute aux yeux.

Serge Caillet poursuit l’histoire, tout aussi mouvementée, de la résurgence de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers autour de Robert Ambelain. Cette fois, il s’intéresse aux années 1967-1968 qui furent riches en événements et en coups de théâtre qui concernent non seulement les Coëns mais d’autres structures : ordre martiniste, Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, Eglise Gnostique, etc.

Jean-Louis Boutin part à la recherche de l’insaisissable Denis Molinier, ou Molinié. Il reprend et questionne les éléments de sa biographie, peu nombreux, et clarifie de nombreux points, mettant en évidence des confusions et des fausses interprétations. S’il semble établi que Molinier, alchimiste, s’employa au laboratoire, rien ne confirme son affiliation supposée à l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers.

Thierry Lamy poursuit la présentation du Corpus Elu Coën, débutée dans le numéro 24, en s’intéressant encore une fois aux fonds divers avec la suite du Fonds Du Bourg et le Fonds Lambert.

 

samedi 18 décembre 2021

Les Arcana Arcanorum

 

Les Arcana Arcanorum par Axel Karol. Editions de La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau, 13400 Aubagne.

https://latarente.fr/

Alors que les rites maçonniques égyptiens connaissent un morcellement jamais atteint dans leur histoire tumultueuse, Axel Karol vient nous rappeler à l’essentiel soit à ce qui fonde et justifie ces rites de Memphis, de Misraïm, de Memphis-Misraïm ou encore de Misraïm et de Memphis, selon les appellations, et qui réside dans le terminal issu de l’Ecole de Naples, connu sous l’appellation Arcana Arcanorum. L’hermétisme italien est un écrin pour quelques voies d’immortalité héritées par des chemins incertains de l’Antiquité méditerranéenne, apparentées en bien des aspects à leurs équivalents extrêmes orientaux, shivaïtes, taoïstes ou bouddhistes. Si le mystère demeure sur les origines très anciennes de ces voies, que nous retrouvons également en Afrique, nous pouvons pour une part reconstituer le chemin emprunté par ses connaissances grâce à leurs traces laissées dans l’art ou la littérature quand elles viennent soutenir une tradition orale qui échappe à la recherche des historiens.

Axel Karol a le grand mérite de poser des repères dans la grande confusion qui règne autour de la question des Arcana Arcanarum en considérant cette question comme d’abord italienne, ce qu’elle est. Tout comme l’illuminisme français pour d’autres courants, l’hermétisme italien est un fleuron que nous ne saurions ignorer si nous voulons réellement approcher certaines voies hermétistes, notamment internes, dites voies d’immortalité.

Quelques-unes des grandes figures de la tradition et de l’hermétisme italiques sont présentes dans ce livre et tout particulièrement, pour le XVIIIème siècle, Raimondo di Sangro, prince de San Severo qui fut un homme étonnant aux multiples talents, inventeur, écrivain, traducteur, cryptologue, chercheur, académicien, chef de la Franc-maçonnerie napolitaine, peu prisée par le Vatican, et bien sûr alchimiste. Connu pour la magnifique Chapelle Sansevero de Naples, dont les œuvres constituent un véritable traité d’alchimie, et l’extraordinaire sculpture du « Christ voilé » qu’il commanda au sculpteur Sanmartino, Raimondo di Sangro incarna le courant qualifié aujourd’hui d’« osirien » qui a nourri entre autres expressions initiatiques les fameux quatre derniers grades de l’échelle maçonnique égyptienne dite de Naples.

Plus près de nous, Axel Karol évoque des individus remarquables très peu connus hors de la péninsule italienne comme Giustiniano Lebano ou encore Domenico Bocchini qui laissèrent des corpus de grande valeur dans le domaine de l’hermétisme. Si parfois nous manquons de documents pour établir clairement des filiations directes, il est possible en étudiant les écrits de reconnaître les influences qui nous conduirons jusqu’à Cagliostro et sa Haute Maçonnerie Egyptienne ou à Giuliano Kremmerz et sa Fraternité Thérapeutique et Magique de Myriam. Remarquons d’ailleurs l’hypertrophie préjudiciable de la notion de filiation, entendue trop souvent comme chronique, linéaire et historique, c’est-à-dire profane, quand elle découle en réalité de l’aïon ou de kairos. Qui sait distinguer les voies initiatiques, très serpentines, des organisations ou institutions qui, bon an mal an, peu ou prou, tentent de les véhiculer ou au moins de les servir un temps, saura reconnaître dans le travail difficile entrepris par Axel Karol un essai nécessaire pour identifier les mouvements de ces voies : apparition, permanence, retrait, repos. Les clarifications ou les pistes historiques proposées permettent en effet, et surtout, d’établir la nature et les critères opératifs de ces voies d’immortalité si éloignées de nos mentalités velléitaires.

Par nature et par construction, le sujet de ce livre dépasse largement le cadre maçonnique, y compris celui, bien singulier, des rites maçonniques égyptiens, pour aborder ces « secrets » cachés dans la crypte du monde mais livrés au regard et à la compréhension de tous par le glissement hautement performant et créatif des mythèmes, de tradition en tradition, de culture en culture, d’époque en époque.

Plus important que la synthèse qui nous est offerte dans ces pages, que les documents présentés, que les pistes, spéculatives ou opératives, indiquées discrètement, c’est la qualité du regard proposé, et son orientation délibérée, qui compte. A travers une analyse des composants des Arcana Arcanorum, de ce qui les typifie, et de ce qu’ils caractérisent, Axel Karol nous parle des qualifications requises pour entreprendre une queste initiatique, imaginale et non imaginaire. L’initiation est avant tout « un regard ».

 

                                                                            R. Boyer

                                                                            Extraits de la préface

jeudi 11 novembre 2021

Miroir d'Isis n° 29

 

Le Miroir d’Isis n° 29, automne 2021.

www.miroirisis.com

Dans ce très beau numéro du Miroir d’Isis, nous retrouvons, grâce à Eléonore d’Hooghvorst, la riche correspondance entre Emmanuel d’Hooghvorst et Serge Lebal. Evidemment, Louis Cattiaux et le Message Retrouvé sont à l’arrière-plan de ces échanges.

E.H. le 13-21953 :

« Cattiaux est admirable de patience et d’humilité ; il continue, sans se lasser, à courir après tous ces ânes qui n’ont pas soif, pour essayer de leur donner à boire. Bien sûr, nous ne devons pas nous enorgueillir comme le pharisien de l’Evangile, car si nous avons rencontré Cattiaux, c’est par grâce et sans mérite de notre part. »

Mais les échanges abordent aussi la pratique alchimique à travers le commentaire d’auteurs, certains avisés, d’autres moins, au regard du travail au laboratoire, et témoignent de toutes les dimensions de la queste, technique et interne.

Sommaire : Une religion immuable par A.A. – La quête de l’Un par Clément Rosereau – Peines éternelles ou disparition définitive par Didier Rabosée – Un chemin constellé d’étoiles de Catherine de Laveleye – Lettre à un ami par Roland van Rijckevorsel – La crise de cœur de Mohammed Rustom – Israël et la Bible de Claude Van Gallebaert – Brève présentation de l’ennéagramme de Sully Faïk – Heureux le serviteur qui veille par Eléonore d’Hooghvorst…

Catherine de Laveleye revient sur Dante à l’occasion du 700ème anniversaire de sa disparition. L’œuvre de Dante a souvent été abordée dans la revue tant son importance est considérable tant en mystique qu’en hermétisme car, nous dit-elle, « Dante parle en disciple d’Hermès ».

A propos du cœur, thème central de ce numéro 29, Mohammed Rustom évoque la figure de 'Ayn al-Quzhât Hamadânî, martyr soufi du XIIème siècle, l’un de ces merveilleux fous de Dieu :

« Pour citer à nouveau'Ayn al-Quzhât : « Le cœur sait ce qu’est le cœur. » Qu’est-ce que le cœur ? 'Ayn al-Quzhât nous dit qu’il n’est rien d’autre que l’endroit où Dieu regarde : « Le cœur est l’objet du Regard divin, et il en est digne ». Le cœur est par conséquent suffisamment digne pour que Dieu l’explore du regard. Ceci fournit l’occasion à notre auteur de citer le fameux hadith : « Dieu ne regarde ni vos formes ni vos actions, mais Il regarde vos cœurs. » Dieu veut manifestement Se voir Lui-Même lorsqu’il regarde dans le cœur. »

Chaque article est l’occasion de nécessaires approfondissements et de méditations fructueuses. Jamais, la finalité de l’œuvre n’est perdue de vue :

« Celui qui s’attache à trois choses, alors que deux suffisent et qu’une seule est vraiment nécessaire, prépare pour tous le désordre et la ruine. » nous dit Louis Cattiaux dans le Message Retrouvé.