vendredi 31 décembre 2010

Chevalerie

Templiers et Hospitaliers en Quercy. Commanderies et Prieurés sur le chemin de Notre-Dame de Rocamadour de Jacques Juillet, Editions Le Mercure Dauphinois.
Ce travail, d’une grande rigueur historique, intéresse, voire passionne, par bien des aspects. Le lecteur bénéficie tout d’abord de la précision, du discernement et du sens de la concision de l’auteur qui ne se perd pas en vaines suppositions comme c’est si souvent le cas avec le sujet de la Chevalerie.
Il commence par nous présenter, de manière très synthétique ce que furent les Hospitaliers et les Templiers, l’Ordre de l’Hôpital et l’Ordre du Temple, dont les deux histoires, les deux tragédies, se mêlent intimement. Il en éclaire la mission, les idéaux, identifie les contradictions entre une spiritualité affirmée et la réalité politique.
Mais c’est en Quercy que Jacques Juillet nous démontre la nature même de la Chevalerie. Aujourd’hui, où les chevaliers de pacotille sont légions, où la mondanité et la lâcheté l’emportent sur l’éthique et le courage, le portrait au quotidien que dresse l’auteur d’un simple chevalier anonyme, soucieux des principes fondateurs de la Chevalerie, inspiré des sept œuvres de Miséricorde, est puissant. Au fil des pages, c’est la conception chevaleresque de la vie que Jacques Juillet nous propose. A travers l’histoire, et surtout l’histoire locale, éloignée des intrigues des « grands » de l’époque, c’est de spiritualité que nous entretient l’auteur.
Il conduit le lecteur dans les commanderies du Haut Quercy, la commanderie du Bastit de Causse, celle de Sainte-Marie de Cahors, celle de la Tronquière, celle d’Espédaillac. Il n’oublie pas non plus les petits Prieurés qu’il fait revivre pour nous.
Mais la partie de l’ouvrage la plus intéressante est celle consacrée aux oubliées de l’histoire officielle, les Dames de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, les « Dames maltaises » et notamment ces Grandes Prieures, de Themines, de Castelnau, de Gourdon-genouillac-Vaillac, grandes figures de la spiritualité et de la bienfaisance, intransigeantes avec elles-mêmes, toutes entières à leur mission, bienveillantes avec autrui, incorruptibles devant la concupiscence des hommes d’Eglise ou d’Etat. Leurs vies sont une leçon d’éthique, d’hospitalité, et de spiritualité chrétienne.
Ce livre laisse une impression étrange et inattendue à sa lecture. Il se présente comme un ouvrage historique mais constitue un puissant rappel à soi-même, à son identité spirituelle, face à un monde qui n’est pas même décadent, ce qui laisserait entendre une créativité vivante, mais seulement au summum de la médiocrité.
Jacques Juillet, par ce livre, nous appelle au pèlerinage, tant géographique qu’intérieur :
« Les touristes du XXème siècle oublient, pour la plupart, qu’un pèlerinage se fait à pied ; la marche, la durée du trajet et ses péripéties, les gîtes d’étape, les chemins indiqués sont l’accompagnement nécessaire à l’exigence de l’âme.
Historiquement l’Ordre religieux et militaire des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem fut la première institution humanitaire internationale et durant huit siècles la seule, bien avant la Croix-Rouge, les Médecins sans frontières ou les Médecins du monde…
Il n’était pas un Etat et néanmoins était souverain,
Il n’’était pas une Eglise et néanmoins relevait du pape,
Il n’était pas une institution Française et néanmoins fut poursuivi et dépouillé par les assemblées de la révolution de 1792-1793, au mépris du droit international envers une puissance étrangère souveraine.
Il était l’ami de la France par des traités, par son rôle de protection des convois français en Méditerranée, par les deux tiers de chevaliers français qui y servaient et il fut interdit de séjour en France.
Pendant neuf cent ans, ses chevaliers donnèrent l’exemple de la vaillance et de l’abnégation, en éducation, en agriculture, en médecine, dans les hôpitaux, en art militaire et sur mer. Ils formèrent nombre d’agriculteurs dans leurs commanderies et sur leurs bateaux la plupart des grands marins de notre ancien régime. L’empereur Napoléon s’en était rendu compte pour avoir dit : « Si mes amiraux avaient été formés à Malte, j’aurais pu vaincre l’Angleterre. »
Il est l’unique ordre de chevalerie du XIIème siècle à avoir survécu et à continuer sa mission originelle de soigner les pauvres, les malades, les blessés des catastrophes et des guerres à travers le monde.
Protéger, secourir, sans souci des risques, des blessures, d’avantages personnels, simplement pour satisfaire à un besoin d’absolu, et savoir mourir ou s’élever avec humilité, « non pas pour soi » (selon l’humble devise des chevaliers du Temple), « mais au service de Dieu et pour les autres », tel fut le devoir des moines-soldats qui ont laissé sur terre un sillon de courage et de conscience où quelques êtres trouveront leur chemin. »
Editions Le Mercure Dauphinois, 4 rue de Paris 38000 Grenoble, France.

mercredi 22 décembre 2010

L'Esprit des Choses italien

L’Esprit des Choses, Nouvelle Série, en langue italienne, n°4.
L’Esprit des Choses est de nouveau disponible en langue italienne dans une formule totalement nouvelle, sous la direction de Giancarlo Tumiati et Ennio Junior Pedrini.
Sommaire du n°4 : Ce numéro est tout entier consacré à L'Homme-Dieu : Traité des deux natures, suivi de "Le Mystère de la Trinité" selon Louis-Claude de Saint-Martin de Jean-Baptiste Willermoz. Vous y trouverez la traduction intégrale du texte en italien, accompagné d’une présentation par le comité de rédaction.
Ass. Esprit des Choses, via Vittorio Emanuele 69, 11020 Bard (Ao) Italia.
Espritdeschoses@gmail.com

samedi 23 octobre 2010

Spiritualité Syriaque

Isaac de Ninive, Connaissance des Pères de l’Eglise, n°119, trimestriel septembre 2010, revue publiée avec le concours du Centre National du Livre, Nouvelle Cité Editions.
Sommaire : Editorial de Marie-Anne Vannier – Isaac de Ninive par Sebastian Brock – Solitude, humilité et souvenir de la mort. Quelques éléments de la doctrine ascétique d’Isaac de Ninive par Hilarion Alfeyev – L’importance du corps dans la prière selon l’enseignement d’Isaac de Ninive par Sabino Chialà – La dette d’Isaac de Ninive envers Evagre le Pontique par Paul Géhin – Le couvent de Rabban Shapour et le renouveau monastique en Perse de Florence Jullien.
Isaac de Ninive tient une place importante non seulement dans la spiritualité syriaque, si chère à Robert Amadou, ou plus largement dans l’Eglise d’Orient, mais dans le christianisme en général. Son enseignement s’appuie sur la tradition évagrienne et sur la tradition macarienne. Il concilie ainsi une approche intellectuelle et une approche existentielle.
Mgr Hilarion Alfeyev, métropolite de Volokolamsk, met en évidence la place de l’humilité dans la pensée et la vie d’Issac, ascète qui ne rejetait pas le monde. Il rappelle que « L’humilité chrétienne est d’abord la confiance en Dieu, la défiance de soi, le sentiment d’être indigne et sans défense, ainsi que celui de la présence du Saint-Esprit caché dans les profondeurs du cœur. » Il cite Isaac :
« Un homme humble ne se précipite jamais, il n’est pas pressé ni troublé, il ne s’échauffe pas ni ne s’abandonne à des pensées emballées, mais il demeure toujours calme. Même si le ciel devait tomber sur terre, l’homme humble n’en serait pas ému. Tous les gens paisibles ne sont pas humbles, mais tous les gens humbles sont paisibles,… car un homme humble est toujours au repos, et rien ne peut agiter ou secouer son esprit. Comme personne ne peut faire peur à une montagne, ainsi personne ne peut faire peur à l’esprit de quelqu’un qui est humble. »
L’auteur de l’article insiste également sur le thème ascétique classique du souvenir de la mort et sur le sens de la vie terrestre : « L’idée majeure de la doctrine du salut d’Isaac, souligne-t-il, consiste en ceci : l’issue de l’histoire humaine doit correspondre à la grandeur de la Trinité, le sort ultime de l’homme doit être digne de la miséricorde de Dieu. ». Il cite de nouveau Isaac : « … je pense que le Glorieux créateur a l’intention de montrer l’aboutissement et l’action admirable de sa grande et inexplicable miséricorde, en ce qui concerne les lourds tourments établis par lui, afin que, grâce à eux, la richesse de son amour, sa puissance et sa sagesse, soient encore davantage révélées, ainsi que la vigueur foudroyante des effluves de sa bonté. ». Solitude, humilité, souvenir de la mort, grâce, davantage que quelques jalons ou valeurs, constituent bien une opérativité pour l’ascète.
Sabino Chialà s’intéresse au corps chez Isaac, notamment dans son rapport, métaphorique et opératif, à la cellule monastique :
« Qu’est donc le corps ? Qu’est donc la cellule ? Rien que des lieux, nous l’avons dit à plusieurs reprises. Des lieux pour contenir l’homme intérieur. Mais nous voyons maintenant qu’il y a plus que cela : ce sont aussi des lieux de l’Esprit et de la rencontre de celui-ci avec l’être créé. C’est l’homme, justement, un des endroits privilégiés de cette rencontre. La prostration, avec le mouvement même qu’elle dessine, confesse cette vérité. En se pliant sur soi et en direction de la terre, l’homme semble se souvenir et affirmer une des idées les plus chères à Isaac, à savoir que c’est à l’intérieur même de l’être que celui-ci trouvera la lumière qu’il cherche. En parlant de la nécessité que l’homme soit sensible à ses péchés, Isaac dit qu’un tel homme « au temps de la ténèbre, trouvera la lumière en lui-même ». Une lumière qui vient d’ailleurs, qui vient de Dieu, mais qui se manifeste dans son homme intérieur. Le geste de la prostration rappelle, même physiquement, ce mouvement « vers soi-même ». »
Ce numéro consacré à Isaac de Ninive peut être l’occasion de découvrir ou redécouvrir toute la profondeur et l’actualité de la spiritualité syriaque, si proche des philosophies de l’éveil. Comme le remarque avec justesse Sabino Chialà : « une des richesses les plus appréciées de la spiritualité syriaque est sa réflexion sur ce qu’on pourrait appeler la dimension intérieure de l’être humain. L’abondance et la variété du vocabulaire qui s’y rapporte en sont le premier témoignage. Dans les écrits des grands mystiques syro-orientaux, en particulier, des mots comme « cœur » - leba’, « intellect » - hawna’, « entendement » - mad’a’, « intelligence » - tar’ita’, et puis encore « âme » - nafsha’, « esprit » - ruha’ et « conscience » - ti’rta’ sont très fréquents et renvoient, de différentes manières, à une sorte de « géographie intérieure » de l’être humain. ».
C’est bien d’une voie du Corps de Gloire qu’il s’agit.
Editions Nouvelle Cité, domaine d’Arny, 91680 Bruyères-le-Châtel, France.

vendredi 24 septembre 2010

Les Elus Coëns et le R.E.R.

Les élus coëns et le Régime Ecossais Rectifié. De l’influence de la doctrine de Martinès de Pasqually sur Jean-Baptiste Willermoz par Jean-Marc Vivenza, Editions Le Mercure Dauphinois.
Ce livre vient à point pour développer un point historique et doctrinal très important qui fait malheureusement régulièrement polémique au sein du Régime Ecossais Rectifié, principalement en France et en Italie, deux terres traditionnelles où l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers connaît une vivacité discrète mais certaine.
Jean-Marc Vivenza dont les travaux érudits sont toujours précieux met d’emblée le lecteur en garde contre deux crispations : « l’une consistant à considérer le Régime Ecossais Rectifié comme une simple reproduction, bien que privée de sa partie théurgique, de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, l’autre visant à ne reconnaître aucun lien ni rapport entre le système de Willermoz et les enseignements dispensés par Martinès de Pasqually. »
Jean-Marc Vivenza identifie très clairement la nature sacerdotale du système des Elus Coëns. Ce point est essentiel pour comprendre la subtile résonance entre les Elus Coëns et le R.E.R.. Il est d’ailleurs regrettable de rencontrer aujourd’hui des branches coëns qui, par ignorance ou par paresse, ne retiennent de cette tradition exemplaire que sa forme maçonnique, niant sa réalité sacerdotale et son fondement théurgique.
« Comme nous le voyons, l’originalité profonde de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, venait précisément de cette vocation sacerdotale qu’il se proposait de conférer à ses membres les plus qualifiés et dignes de confiance. En quelque sorte, plus qu’une maçonnerie détentrice de quelques secrets initiatiques de nature symbolique, l’Ordre institué par Martinès était, positivement, une société religieuse dans laquelle, concrètement, officiaient des authentiques prêtres, du moins pour ceux, c’est-à-dire les Réaux-Croix, appartenant à l’ultime classe du Sanctuaire, capables de célébrer, dans son intégralité, le culte primitif.
On imagine ce qu’il pouvait y avoir d’incomparablement supérieur, du point de vue ésotérique et spirituel, dans cet Ordre certes faible numériquement, mais en possession d’un inestimable savoir touchant aux mystères les plus hauts. Les clefs, permettant de pénétrer à l’intérieur des subtiles énigmes que sont les innombrables questions portant sur les raisons de notre douloureuse et pénible situation en ce monde, ainsi que les moyens effectifs de recouvrer nos droits perdus depuis la Chute, réponses que tous, au XVIIIè siècle comme depuis toujours, mais avec une fièvre et un empressement bien en rapport avec l’état d’esprit dominant dans les périodes troublées et incertaines de l’Histoire, avidement recherchaient dans des voies incomplètes, inexactes, clefs et moyens donc, qui s’offraient apparemment enfin au chercheur sincère et à « l’homme de désir » véritable.»
Avec la même précision, il éclaire le lien indiscutable entre le RER et l’œuvre de Martines de Pasqually :
« Il apparaît ainsi incontestable, que l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte est porteur d’une base spirituelle et d’un héritage historique directement issus des enseignements de Martines de Pasqually, et qu’il faut se rendre complètement sourd et passablement fermé, voire autiste, face aux éléments formels que nous recevons par les différentes sources historiques disponibles, mais il est vrai qu’il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, pour refuser de convenir que ce qui a uni, profondément, le Régime Ecossais Rectifié avec la doctrine martinésienne, participe d’une incontestable et directe filiation dont la Grande Profession, en toute logique, fut détentrice de par les éléments propres qui y seront déposés par Jean-Baptiste Willermoz, lui-même, ne l’oublions pas, détenteur en tant que Réau-Croix, de l’intégralité de la transmission Coën… »
Jean-Marc Vivenza, par l’étude historique et la comparaison doctrinale, ne fait pas que mettre en évidence les liens entre les deux systèmes initiatiques, il identifie leurs natures respectives et leurs projets, de désir ou réels. Après avoir présenté les éléments coëns au sein du R.E.R. que sont les outils symboliques de la « Réintégration », il traite de quelques points essentiels comme La double nature et son implication spirituelle ou La symbolique de la réédification du temple comme figure de l’image et de la ressemblance.
Il pose alors une question nécessaire. Martinès de Pasqually dénonçait le caractère apocryphe de la Franc-maçonnerie. Qu’en est-il alors de ce régime Ecossais Rectifié héritier de son propre système ?
« la constitution du Régime Ecossais Rectifié a sans doute été, en tous les cas pour Willermoz et les frères les plus proches de lui qui l’assistèrent dans son entreprise (…) une volonté de perfection de l’Ordre des élus coëns. (…) le Régime Ecossais Rectifié corrige les coëns de par la place qu’il fait, notamment au sein de l’Ordre Intérieur, à la Sainte Trinité, qui est l’objet d’une révérence très marquée et insistante. En second lieu, le Régime Ecossais Rectifié dans son enseignement, contrairement à Martinès, possède une christologie exacte, puisqu’il déclare très nettement croire en la double nature du Christ et affirme reconnaître en Jésus le Messie vrai-Homme et vrai-Dieu. »
Jean-Marc Vivenza, s’appuyant à maintes reprises sur les travaux de Robert Amadou, reconnaît au R.E.R. une véritable orthodoxie et, pour lui, il ne fait aucun doute que la qualification d’apocryphe ne peut s’appliquer au Régime voulu par Willermoz.
« L’idée principale de la « Réintégration » se retrouve bien chez Willermoz dans cette vision d’un rétablissement général en sainteté du monde manifesté chuté, y compris, peut-être, et sous certaines conditions, les êtres prisonniers de l’Enfer parce qu’ils furent trompés par les artifices de l’Adversaire de Dieu »
Plus encore, le Régime Ecossais Rectifié « est le conservateur, le gardien et le continuateur du Haut et Saint Ordre. Cette fonction de conservation constitue une charge sacrée d’autant plus impressionnante que sous cette appellation, Willermoz pense à l’Ordre des élus de l’Eternel, c’est-à-dire à la sainte et pieuse société religieuse qui traverse les siècles depuis les origines… »
« le Régime Ecossais Rectifié n’est pas « non apocryphe » parce qu’il serait chrétien même si c’est sa nature spirituelle la plus profonde, mais parce qu’il est détenteur de la doctrine, héritier de la transmission, porteur et dépositaire de la filiation du Haut et Saint Ordre que cultivent, et préservent secrètement, les Grands Profès du Régime. Le Régime Ecossais Rectifié est ainsi placé – le seul au sein du monde maçonnique – sous les auspices d’une initiation qui s’opère par le passage par les trois essences spiritueuses, la symbolique des nombres, le sens des batteries, etc., et dont la source se trouve dans un Ordre qui est l’unique détenteur des sciences et connaissances primitives de l’homme. »
Le régime Ecossais Rectifié de Willermoz n’a donc jamais renoncé à la « Réintégration », sens véritable de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers. Tout au contraire, il perpétue et préserve l’œuvre des Elus Coëns. Cette conclusion est lourde de conséquences éthiques et opératives pour les membres du dit Régime.
Le Mercure Dauphinois, 4 rue de Paris, 38000 Grenoble, France.

lundi 23 août 2010

L'Esprit des Choses italien

L’Esprit des Choses, Nouvelle Série, en langue italienne, n°3.
L’Esprit des Choses est de nouveau disponible en langue italienne dans une formule totalement nouvelle, sous la direction de Giancarlo Tumiati et Ennio Junior Pedrini.
Sommaire du n°3 : Editoriale, Interrogativi diversi - Bard giugno 2010 : Conferenza internazionale di Yesod - L’orto biodinamico di Carla Federici - Il Pantacolo Martinista, a cura di Alexander - h w h y, Il Tetragramma - Il Nome divino Yod - Hé - Vau – Hé - Cabala 144 domande di Ibny Joshai - Consigli editoriali : Dialoghi su luce e tenebra
di Gino Balboni
Ass. Esprit des Choses, via Vittorio Emanuele 69, 11020 Bard (Ao) Italia.
Espritdeschoses@gmail.com

mardi 27 juillet 2010

Régime Ecossais Rectifié

Présence du Rite Ecossais Rectifié. Repères et actualité d’un courant maçonnique par Yves Saez, Editions Dervy.
Nous savons l’importance du Régime Ecossais Rectifié dans la Franc-maçonnerie, sans doute le plus cohérent des rites maçonniques, par construction et par enseignement. Rares sont les travaux pertinents sur le R.E.R.. En effet, nombre de loges du R.E.R. ignorent, ou veulent ignorer, les fondements doctrinaux de ce régime qui puise dans les enseignements de Martines de Pasqually, fondateur de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers et du théosophe Louis-Claude de Saint-Martin. Ce livre, non seulement n’élude pas ce point essentiel mais le développe longuement offrant au lecteur la possibilité de saisir l’esprit qui anime ce fleuron maçonnique.
L’auteur pose tout d’abord longuement le cadre, ce qu’il désigne comme une matrice, en exposant la constitution de la Franc-maçonnerie depuis « Le dit légendaire des Anciens Devoirs » jusqu’aux Constitutions d’Anderson. Une éclosion lente, expérimentale, riche et confuse, tendant vers l’organisation.
Il s’intéresse ensuite à trois personnalités d’exception, « Les véhicules d’Hiram », Le chevalier André Michael de Ramsay, le marquis de La Tierce, et Martines de Pasqually, « l’éveilleur ». Trois œuvres, trois bouleversements, nous dit-il. Et son propos est de première importance car il illustre le caractère initiatique que pourrait, que devrait, présenter le Franc-maçonnerie, en tout lieu, en tout temps.
Ramsay d’abord. Ramsay pressent la nécessité d’un centre, d’une axialité, d’un cœur :
« Cette connaissance par le cœur, c’est le chemin de l’intériorité. C’est l’effort idéal du sujet vers lui-même et le lieu de l’Être (…)
Ramsay transportait dans ses discours cet espace d’origine où il prenait appui. Il faisait de l’Ordre le continuateur d’une collectivité « toute spirituelle » ; il affirmait que les maîtres maçons étaient préparés aux « vertus divines » ; constatait avec la prudence d’un orateur dans une audience ouverte : « Notre institut renferme toute la philosophie des sentiments et toute la Théosophie du Cœur. » En distinguant le lieu du cœur, il désignait le siège d’une connaissance immédiate. Directe. Et proposait à la cosmogonie organisatrice de la loge maçonnique, un axe qui éloigne tous symboles et dispense de toute liturgie. Le siège d’un chaos personnel. Un tehom individuel avec son Incréé veillant. Le Verbe présent aussi. »
Le marquis de La Tierce fut le passeur de l’idée-force véhiculée par Ramsay. En « internationalisant » les Constitutions et le Discours de Ramsay, il donne au projet maçonnique son rayonnement à partir de l’intention première dans un processus d’idéation particulièrement favorable :
« On voit le mouvement de culture qui a porté de La Tierce en brouillant les frontières. Le milieu disponible et lettré où il évoluait, entre la France, l’Allemagne et l’Angleterre, était œcuménique et généreux ; se définissait dans un idéal de tolérance et de spiritualité. »
Enfin, Yves Saez reconnaît à Martines de Pasqually la place, si essentielle, qu’il mérite :
« Certains trésors affleurent parfois à la surface du sol et s’offrent à qui sait les rencontrer. On dit que si personne alors ne les invente, ils disparaissent de nouveau pour le temps qu’ils choisissent. Ou pour la durée que souhaite le sol. N’importe d’où viennent ces étonnants témoins, et n’importe qu’ils disparaissent, si une seule pensée est changée par leur visite.
Le Traité de la réintégration des êtres est un écrit qui ne cesse de surprendre, il encombre ou séduit ; il trouble toujours. La naissance et les circonstances de la vie de Martines de Pasqually restent énigmatiques, mais n’importe. Ce qui compte c’est que la rareté du Traité et la personnalité de son auteur ont eu une portée déterminante sur un courant majeur de la franc-maçonnerie du XVIIIe siècle. Ce qui importe c’est la résonance, fût-elle non consciente, de cette écriture dans toute la maçonnerie continentale, parce qu’elle se lève devant l’assurance absolue de la science ; parce qu’elle s’insurge de l’autorité des formules, et glisse dans la prétention mathématique la délicate ondulation du légendaire. »
Remarquons qu’André breton a lancé à la face de la Sorbonne une idée semblable à celle que développe ici Yves Saez.
La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à « L’offre de réalisation du R.E.R. », offre de « déliement », offre de liberté chère tant à Willermoz qu’à Saint-Martin.
Mêlant avec justesse repères historiques, fondements théoriques, références littéraires, analyse du rituel, Yves Saez dresse un tableau audacieux de cette offre et de cette réalisation. Et l’audace justement, l’audace élégante, caractérise ce courant par lequel la poésie initiatique l’emporte sur les lourdeurs formelles.
Il conclut :
« Tout rite préserve son énonciation, ses rythmes – sa poétique – et isolément embellit une part du modèle originel : le phrasé d’un rituel retient ici, l’éclat dialogique d’une instruction là ; ailleurs, la densité d’une formule. Mais ce qui par-dessus tout attache, par-dessus chaque interprétation, par-dessus la flexibilité de toute figure et de toutes histoires, c’est le lien que les récits, que tous les récits de la franc-maçonnerie entretiennent – lien d’écriture entre des textes épars, lien ténu et à peine deviné parfois, mais tissé ligne à ligne, mot à mot, et fort de cette tentative toute simple de réduire un peu le désordre. »
Ne manquez pas ce livre, véritablement un livre de tisserand, qui, tant sur le fond que sur la forme - belle écriture de l’auteur -, restitue à ce courant majeur qu’est le R.E.R. une part de son rayonnement.
Editions Dervy, 22 rue Huyghens, F-75014 Paris.

dimanche 16 mai 2010

Carnets d'un Elu Coën

L’idée du culte dans le Traité de la Réintégration de Martinès de Pasqually et son enseignement par Georges Courts, Collection Carnets d’un Elu Coën, CIREM.
C’est une grande joie de retrouver la collection des Carnets d’un Elu Coën, initiée et voulue par Robert Amadou, avec ce texte de Georges Courts qui considère ici l’idée du Culte Primitif, que Robert Amadou a brillamment décelée chez Martines de Pasqually avant de la développer. Georges Courts considérait d’abord que n’apparaissait pas chez Martines de Pasqually de Culte Primitif en tant que tel. Les débats, nécessaires, à la fois sur le plan de la théorie et sur celui de la pratique opérative, devaient conduire à une investigation systématique de l’oeuvre de Martines.
En effet, cette idée de Culte Primitif, sous d’autres appellations, se retrouvent en d’autres rites ou traditions. Nous penserons, pour rester dans l’illuminisme, au rite swedenborgien, entre autres. Il y aurait un culte premier dont les autres ne seraient que la projection ou la répétition, ou encore la célébration. Les rites « seconds », ou dérivés, devraient donc être traversés pour rejoindre ce Culte Primitif. De ce point de vue, ils seraient donc bien des rites de passage, de la forme au non forme, du duel au non-duel.
Georges Courts a donc fait l’effort de reprendre l’oeuvre de Martines de Pasqually pour relever, annoter et commenter toutes les références à ce qui pourrait s’apparenter à l’idée-force d’un Culte Primitif. Travail important et passionnant.
Chacun, simple lecteur ou pratiquant de la théurgie si particulière de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, trouvera dans les pages qui suivent matière à se forger sa propre idée ou expérience du culte.
Huit Euro port compris.
CIREM, BP 08, 58130 Guérigny-France.

mardi 11 mai 2010

L'Esprit des Choses italien

L’Esprit des Choses, Nouvelle Série, en langue italienne, n°2.
L’Esprit des Choses est de nouveau disponible en langue italienne dans une formule totalement nouvelle, sous la direction de Giancarlo Tumiati et Ennio Junior Pedrini.
Sommaire du n°2 : Editoriale, Spirito di ecumenismo – Omagio a Robert Amadou di Serge Caillet – Ieschouah, Grande Architetto dell’Universo – Etica e iniziazione – Saggio di tipologia delle Società segrete – Cabala 144 domande di Ibny Joshai.
Ass. Esprit des Choses, via Vittorio Emanuele 69, 11020 Bard (Ao) Italia.
Espritdeschoses@gmail.com

jeudi 1 avril 2010

Bêtise conspirationniste

Conspirationnisme, plagiat et bêtise


Un lecteur portugais m’a récemment signalé que l’un de mes articles, Typologie des sociétés secrètes, publié dans L’originel n°2 en 1995, repris partiellement dans mon ouvrage La Franc-maçonnerie comme voie d’éveil, publié chez Editinter et Rafael de Surtis, avait été intégré mot pour mot dans un livre douteux, disponible seulement sur la toile, consacré au marronnier des « sociétés secrètes qui mènent le monde ».
Le plagiaire, Romy Nolan, dans un e-book gratuit, nécessairement antidaté, intitulé Les grandes conspirations de notre temps, a en effet repris la totalité de l’article de L’Originel, sans guillemets et sans en indiquer la source. Nous ne sommes ni dans le cas courant de la citation non indiquée, ni dans le cas de l’erreur fortuite, mais bien dans celui d’un plagiat caractérisé.
Ce n’est certes pas la première fois que cet article est publié sans autorisation sur le web. Jusqu’alors, il fut toujours repris, avec plus ou moins de pertinence, en indiquant l’origine et l’auteur de l’article. Mais, cette fois, il s’agit d’une pure et mesquine appropriation et surtout d’un détournement de sens.
L’enjeu est en effet bien moins la question des droits d’auteur que celle du sens, ou plutôt du contre-sens, induit tant par l’orientation de Romy Nolan que par les lieux de publication de l’e-book concerné, de ses supports, voire de ses suppôts. Les droits d’auteur ne sont d’ailleurs qu’une préoccupation relativement récente. C’est Gustave Flaubert qui s’est employé à la reconnaissance de ses droits. En Orient, il fut longtemps admis qu’un auteur puisse reprendre la totalité d’un texte pour le prolonger, le compléter, le bonifier. Le plagiat intellectuel, voire « psychique » dit Camille Laurens, fait partie de la vie et de la dynamique créatrice des idées et de la littérature. David Shields, auteur d’un livre dérangeant, Reality hunger, dessine les contours d’une nouvelle littérature capable d’autoengendrement. « Le génie emprunte noblement » dit-il.
Avec le texte de Romy Nolan, pseudonyme probable d’une personne ou d’un groupuscule, point de prolongement, point de développement, point d’enrichissement, point de génie, loin s’en faut. Juste une plongée dans la médiocrité. Le texte de Nolan appartient en effet à la « littérature », Gurdjieff parlerait de « merdicité », dite conspirationniste. Il est construit par amalgame d’informations, justes ou erronées, glanées ici et là, de raccourcis et d’opinions infondées. Il n’est pas impossible d’ailleurs que d’autres parties de l’ouvrage de Nolan soient également le fruit d’un plagiat.
Le thème, récurrent, que ne néglige pas la grande presse quand il s’agit de faire remonter les ventes, est connu depuis des décennies : des sociétés secrètes au service d’une caste politico-financière apatride conduit les destinées du monde. L’ouvrage de Romy Nolan est notamment disponible sur des sites conspirationnistes divers. Nombre de ces sites juxtaposent, sciemment pour la plupart, des livres plus ou moins intéressants portant sur la tradition avec des textes d’auteurs résolument antisémites, ou, par exemple, des écrits du mouvement Sodalitium (mouvement catholique intégriste, qui dénonce le complot judéo-maçonnico-sataniste, auprès de qui Mgr Lefèvre passait pour un progressiste,) et, pire encore, des textes d’Adolf Hitler.
Le conspirationnisme, de plus en plus présent sur la toile, est une nourriture destinée de préférence aux antisémites, antimaçons, racistes et extrémistes les plus divers, sans parler de certains ufologistes délirants. Ce courant se renouvèle régulièrement et resurgit dans les périodes d’incertitude Ces dernières années une absurdité de plus est venue pimenter le montage nauséabond, celui des « reptiliens » sur lequel il est inutile de s’étendre. Voyez les ouvrages très populaires outre-Atlantique de David Icke.
Au cœur du « complot » se trouverait les « Supérieurs Inconnus », ou les « 72 » ou encore les « illuminati ». L’ignorance et la peur constituent la matière des thèses conspirationnistes. L’immaturité structure cette matière en sombre rancœur. La Franc-maçonnerie s’est laissé d’ailleurs fasciner également par le mythe des « Supérieurs Inconnus », dès le milieu du XIXème siècle, alimentant ainsi elle-même les thèses de ses adversaires. Chacun sait aujourd’hui, ou peut aisément savoir, que l’expression « Supérieur Inconnu », grade martiniste bien connu, symbolise le Soi auquel l’ego doit laisser toute la place, ou l’être engagé dans le chemin de l’individuation qui conduit à la réalisation du Soi.
Si les thèses conspirationnistes sont reconnues pour ce qu’elles sont, une logorrhée misérable, par le plus grand nombre, elles peuvent se révéler toxiques pour les plus fragiles. Une certaine vigilance s’impose pour éviter leur banalisation. L’institut de recherche Political Research Associates a publié en juin 2009 un rapport très complet sur la résurgence et le développement outre-Atlantique des théories du complot et de l’antisémitisme. Ces théories ne sont pas étrangères à l’Europe et à la France, songeons à Thierry Messyan et au Réseau Voltaire qui s’en sont fait l’écho. Le rapport Toxic to democracy est disponible sur le site internet www.publiceye.org

Les ridicules délires des conspirationnistes, d’un conformisme navrant et vulgaire, servent ce qu’ils croient combattre, la tendance naturelle des êtres humains à se coaguler autour d’intérêts communs particuliers contre l’intérêt public et général. Par contagion, ils peuvent jeter le doute sur tous les légitimes combats libertaires, dont celui de l’initiation, libertaire par essence.


Rémi Boyer

vendredi 12 mars 2010

Rose Croix


Sous le Voile d’Elias Artista de Rémi Boyer, Contribution et illustrations de Lima de Freitas, Postface de Manuel Gandra.
Nouveau titre de la collection L’Esprit des Choses, née de la collaboration entre le Centre International de Recherches et d’Etudes Martinistes et les Editions Rafael de Surtis, cet essai est le troisième et dernier volet d’un triptyque formé de La Franc-maçonnerie comme voie d’éveil et de Masque, Manteau, Silence, le Martinisme comme Voie d’Eveil, du même auteur.
Cet ouvrage s’attache à distinguer l’Initiation au Jardin, à laquelle se rattache la Rose-Croix, de l’Initiation dans la Cité, à laquelle se rattache la Franc-maçonnerie. Cette distinction, qui n’est pas une opposition, indique une articulation, et un chemin possible, entre l’expérience duelle de l’initiation et la conscience non-duelle caractéristique d’Elias Artista et de son insaisissabilité. Pour la première fois, sont publiés des éléments de traditions orales qui illustrent la permanence de courants d’une Rose-Croix méditerranéenne, davantage orphique que prométhéenne, poïétique que pragmatique. Elle n’en est pas moins subtilement opérative et porteuse des arcanes majeurs de l’alchimie interne. Lima de Freitas, dans un texte magnifique, explore le mythe fondateur de Christian Rosenkreutz et en éclaire certains mystères. Enfin, l’ouvrage se clôt par un conte chevaleresque et alchimique, les Mémoires de Rossinante, une plongée contemporaine et traditionnelle dans le célèbre Don Quichotte de Cervantès. Ce conte sert notamment à l’interrogation des candidats sur la voie du Cinabre interne et externe.
Sommaire : La Rose-Croix comme voie d’éveil, une Tradition orale par Rémi Boyer : Introduction mystérique - Initiation au Jardin et Initiation dans la Cité - La Voie à suivre Seul - La Voie d’Elias Artista - La Géométrie Supérieure des Constructeurs - Fernando Pessoa et le tombeau de Christian Rosenkreutz par Lima de Freitas - Les Mémoires de Rossinante par Rémi Boyer. Postface de Manuel Gandra.
22 Euro, franco de port. Editions Rafael de Surtis, 7 rue saint-Michel, 81170 Cordes sur Ciel.

samedi 13 février 2010

L'Esprit des Choses italien

L’Esprit des Choses, Nouvelle Série, en langue italienne.
L’Esprit des Choses est de nouveau disponible en langue italienne dans une formule totalement nouvelle, sous la direction de Giancarlo Tumiati et Ennio Junior Pedrini.
Sommaire : Editoriale, Cli ideali un contributo – Storia moderna, Massoneria di frangia e l’influenza martinista, intervista con Serge Caillet – Kabala, Il triplice significato dell’alfabetoebraico – Libri consigliati – Le interviste possibili, « La vera vito in Christo » per la Chiesa Evangelica – Approfondimento, Chi erano gli gnostici ?
Ass. Esprit des Choses, via Vittorio Emanuele 69, 11020 Bard (Ao) Italia.
Espritdeschoses@gmail.com

Rencontres martinistes

Le 13 mars 2010, l'Association de la Société Savante Amicale organise en partenariat avec la Librairie la Table d'Hermès les premières rencontres martinistes ouvertes et publiques sur le thème Martinisme & Franc-maçonnerie. Intervenants : Roger Dachez, Martinisme et Franc-Maçonnerie, un flirt de la Belle Epoque et Franc-Maçonnerie et Martinisme au XXIe siècle, mariage ou divorce ? - Jean-François Var, Louis-Claude de Saint-Martin ami du Christ - Jean-Marc Vivenza, Louis-Claude de Saint-Martin et la Franc-Maçonnerie au XVIIIe siècle. http://assa1.canalblog.com/

mercredi 6 janvier 2010

Les Maîtres de l'Eveil. Collection

Serge Caillet lance avec les Editions Signatura une belle collection intitulée Les Maîtres de l’Eveil. Les deux premiers titres sont consacrés à deux figures de l’hermétisme et de l’illuminisme, Dom Antoine-Joseph Pernéty et Martines de Pasqually.
Après une introduction synthétique replaçant l’homme et l’oeuvre dans leurs contextes historiques, culturels et religieux, Serge Caillet a sélectionné avec soin un ensemble de textes, certains étaient devenus introuvables, afin d’introduire le lecteur aux différentes facettes d’oeuvres aussi riches que complexes.

Martines de Pasqually, le théurge de Bordeaux, textes choisis et présentés par Serge Caillet, Editions Signatura.
La personne de Martines de Pasqually (1710 ? – 1774) reste et restera probablement une énigme tant on sait peu de choses de ses origines et de ses sources. De son oeuvre et de son ordre, l’Ordre des Chevaliers maçons Elus Coëns de l’Univers, on sait au contraire beaucoup aujourd’hui notamment grâce au travail acharné de Robert Amadou.




Le choix de textes proposé permet d’approcher l’oeuvre de Martines de Pasqually sous une double entrée, celle de la théosophie, celle de la théurgie. Bien qu’inachevés à la mort de Martines, l’ordre et l’oeuvre, qui se confondent, n’en présentent pas moins une grande cohérence. Si la forme de l’ordre est maçonnique, pour des raisons organisationnelles et stratégiques, la finalité est nettement sacerdotale. La doctrine martinésienne et sa vérification théurgique apparaissent d’emblée comme d’une grande exigence. Il est finalement étonnant que l’ordre et la doctrine trouvent encore à se perpétuer aujourd’hui, dans un monde de vitesse et de facilité.
Les textes rassemblés permettent de mieux cerner ce qui est spécifique de ce courant, ce qui le distingue à la fois du catholicisme et de la kabbale, ce qui fonde l’illuminisme. L’ouvrage débute avec des extraits du Traité sur la réintégration des êtres, ouvrage fondamental. Puis il aborde la définition de l’esprit, de l’intellect et de l’âme, chez Martines. Des extraits de lettres traitent notamment des nombres et de leur symbolique. Le chapitre « Franc-maçonnerie » propose plusieurs documents assez connus : Réception d’apprenti, Catéchisme de maître élu coën, Explication secrète du catéchisme d’apprenti, compagnon et maître coëns. Enfin, la dernière partie traite de la théurgie avec trois lettres précieuses à Jean-Baptiste Willermoz dans lesquelles Martines donne une série d’instructions et de conseils pour la pratique théurgique. Les trente-cinq articles des Statuts secrets des réaux-Ccroix et les longues invocations des Travaux d’équinoxe complètent l’ensemble.
Cet ouvrage sera l’occasion de découvrir la valeur, mais aussi la grande difficulté, de l’une des rares voies réelles offertes par l’Occident. Le lecteur devra savoir passer outre le langage lourd du XVIIème siècle pour accéder à la légèreté lumineuse des coëns. Pour d’autres, ce sera une nécessaire révision.

Dom Antoine-Joseph Pernéty, Théosophe et alchimiste, textes choisis et présentés par Serge Caillet, Editions Signatura.
Voici encore un être d’une rare complexité, d’une intelligence subtile qui laissa une empreinte majeure bien que trop ignorée, sur l’hermétisme. Dom Antoine-Joseph Pernéty (1696-1777), alchimiste, philosophe et théosophe resta catholique sa vie durant ce qui n’était pas sans risque et sans contradiction interne à cette époque.






De Pernéty, c’est sans doute l’alchimiste qui est le plus intéressant mais il ne faudrait pas réduire son oeuvre à l’alchimie même si son Dictionnaire mytho-hermétique demeure une référence. Entre le laboratoire et la méditation, cet érudit, grand voyageur, n’aura de cesse d’approfondir une pensée qui concilie la pratique opérative et la vision mystique, notamment celle d’Emmanuel Swedenborg pour qui Pernéty a une grande admiration. Il animera certains cercles de grande valeur dont celui connu aujourd’hui comme les « illuminés d’Avignon ».
Il fut le premier et le plus mauvais traducteur de Swedenborg, non par incompétence mais par souci de concilier la doctrine de Swedenborg avec son catholicisme, conciliation impossible. Grâce à lui cependant, Swedenborg connu un certain rayonnement en France. Enfin, il développera une mariologie originale.
Ce sont tous ces aspects, ces expériences dont rend compte Serge Caillet par un choix judicieux d’extraits de textes et de documents divers : Les Fables égyptiennes et grecques dévoilées (1758), extraits – Dictionnaire mytho-hermétique (1758), extraits – lettre à l’abbé Vollain à propos de Nicolas Flamel (1762) – Journal historique d’un voyage aux îles Malouines (1769), extraits – L’Amérique et les Américains (1770), extraits – Discours sur les tempéraments (1777), extraits – Questions à la sainte parole (1779-1780), extraits – Préface à Swedenborg – Vertus de Marie (1790), extrait.
Editions Signatura, Abbaye de Maubec, 26200 Montélimar, France.
http://www.signatura.fr/