dimanche 21 mai 2023

Le Maître Ecossais de Saint-André

Le Maître Ecossais de Saint-André par Jean Ursin. Editions Ivoire-Clair, BP 24, 85270 Saint-Hilaire-de-Riez.

www.ivoire-clair.fr

Jean Ursin a consacré trois ouvrages aux trois premiers grades du Rite Ecossais Rectifié. Il poursuit son travail avec le quatrième grade, Maître Ecossais de Saint-André, trop peu investi alors qu’il est fondamental et central dans l’architecture du rite.


 

La première partie est historique. Jean Ursin revient succinctement sur l’histoire du Rite Ecossais Rectifié et sa genèse, mais aussi sur la naissance du judaïsme et de l’islam. Cette partie s’achève par un questionnement des propos de l’auteur dans un dialogue « Verse et controverse ». Il s’agit pour l’auteur de comprendre ce qui rassemble et ce qui sépare le judaïsme et l’islam du christianisme.

La seconde partie aborde plus spécifiquement le grade de Maître Ecossais de Saint-André, l’influence ou l’héritage de la Stricte Observance Templière, la synthèse de Jean-Baptiste Willermoz, la construction du grade, sa finalité, ses symboles…

Jean Ursin accorde un chapitre à l’Apocalypse de Jean, un autre à Saint-André ou encore aux trois cités de Babylone, Rome et Jérusalem.

S’il n’aborde pas directement la question fondamentale et opérative de la Réintégration et de la Reconstruction du Temple comme Corps de Gloire, l’apport culturel, traditionnel et symbolique de ce livre à la compréhension du grade est certain. En multipliant les entrées possibles dans la richesse immense du quatrième grade du RER, Jean Ursin permet à tous ceux qui sont concernés de trouver un chemin dans une matière symbolique prolifique.

..........................p.17 EAN 9782956478768

mardi 16 mai 2023

Brevi note storiche dell’Ordine Martinista e qualche personale considerazione

 

Brevi note storiche dell’Ordine Martinista e qualche personale considerazione par Renato Romeo Pietro Salvadeo. Edizioni Sì – Collana esoterica Amaranthus Libris.

www.edizionisi.com

Renato Salvadeo fa it le point sur l’histoire passée et actuelle de l’Ordre Martiniste italien, dont il est l’actuel responsable. Cet ordre est l’une des expressions les plus intéressantes du courant martiniste depuis des décennies. Son histoire ne peut être séparée de celle du Rite de Misraïm et Memphis en Italie. Les deux parcours sont complexes, agités comme toujours dès que nous traitons d’organisations initiatiques.

 


 

 

Renato Salavadeo fait le point sur les références, les influences, les personnalités qui ont animé l’ordre en Italie. Il rend compte aussi des crises, des scissions, anciennes ou récentes et met en évidence une ligne traditionnelle très spécifique à l’Italie, un berceau majeur de l’hermétisme. Il évoque aussi les relations avec d’autres ordres martinistes, notamment italiens et montre ainsi combien ce courant est vivant sur un territoire dont on sait la richesse traditionnelle exceptionnelle, héritée des grands courants initiatiques principalement méditerranéens.

Enfin Renato Salvadeo propose une réflexion plus personnelle sur le travail initiatique dans le cadre martiniste, ses enjeux, ses orientations à venir et les défis à relever.

De nombreux documents soutiennent le propos et illustrent certains moments importants de l’histoire du martinisme italien toujours rayonnant.

samedi 29 avril 2023

Les Compagnons de la Hiérophanie

 

Les Compagnons de la Hiérophanie de Victor-Emile Michelet. Editions Amici Librorum.

https://www.facebook.com/amici.librorum/?locale=fr_FR

Avant de devenir un mythe et peut-être une fonction initiatique, les Compagnons de la Hiérophanie furent un groupe et un mouvement composé de personnalités fortes qui animèrent à la fin du XIXe siècle la scène ésotérique.

L’ouvrage de Victor-Emile Michelet (1861-1938), publié initialement chez Dorbon-Aîné, demeure un témoignage inestimable même si de nombreux travaux, notamment ceux de Serge Caillet, nous permettent aujourd’hui de mieux connaître les protagonistes et les enjeux de cette époque.

Nous sommes ici aux origines du mouvement occultiste qui prit forme dans une fin de siècle riche d’explorations nouvelles. Bien entendu, ce mouvement n’est pas né de rien, il est aussi héritier de traditions diverses.

         Victor-Emile Michelet côtoie la plupart des acteurs de ce mouvement évoqués dans le livre. Ils sont écrivains, artistes, occultistes. Ils ont pour nom : Stanislas de Guaita, Papus, Paul Adam, Péladan, Edmond Bailly, Barlet, Albert Poisson, Albert Jounet, Paul Sédir, Marc Haven, Éliphas Lévi, Saint-Yves d’Alveydre et autres. Nous croisons également Mallarmé, Rops, Debussy, Odilon Redon ou encore Maître Philippe. 

 


 

 

Il n’y a dans le témoignage de Victor-Emile Michelet aucun souci bibliographique. Il rend compte des relations entre ces personnalités complexes et de ce qui les caractérise. Contrairement au travail de l’historien qui travaille non sur la réalité mais sur des documents qui évoquent la réalité, Victor-Emile Michelet nous parle de son expérience, conscient de cette subjectivité vivante indispensable à la créativité.

« Ceux dont je parlerai, écrit-il en avant-propos, auront-ils laissé un souvenir ardent ? Ils sont presque tous morts jeunes encore, ayant courageusement tenu le flambeau qui sera transmis à ceux qui viendront. Certains d’entre eux ont écrit des pages aujourd’hui classiques dans le genre, au dire des esprits compétents. Quel fut le rayonnement de leur influence ? Il est encore trop tôt pour le mesurer. Mais nous verrons qu’il atteignit les événements de la période historique 1914-1918. Quoi qu’il en soit, ils sont enroulés dans une légende et c’est la légende de ces compagnons de hiérophanie que je propose de conter ici. »

Aujourd’hui, plus d’un siècle passé, nous avons que l’influence est grande, que l’héritage laissé par les Compagnons, n’a cessé de fructifier, et ce malgré une opposition, parfois une hostilité, variable mais permanente.

Lire ou relire le témoignage précieux de Victor-Emile Michelet, « Souvenirs du mouvement hermétiste à la fin du XIXe siècle, c’est dérouler cette légende pour saisir l’esprit et le sens des « amitiés spirituelles ».

mercredi 22 mars 2023

Des Elus Coëns au Rite Ecossais Rectifié. Classes secrètes et Réintégration

Des Elus Coëns au Rite Ecossais Rectifié. Classes secrètes et Réintégration Textes de Rémi Boyer et Lima de Freitas. Préface de Sylvie Boyer-Camax. Editions La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau, 13400 Aubagne.

https://latarente.fr/

Les trois contributions qui sont rassemblées ici, les deux premières de Rémi Boyer, la troisième de Lima de Freitas, cherchent à interroger, explorer et traverser les praxis véhiculées par les traditions de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers et du Rite Ecossais Rectifié, deux expressions majeures du courant illuministe désigné par Robert Amadou comme « martinisme », et plus largement de la Tradition occidentale marquée par le sceau du judéo-christianisme.

Le premier de ces trois textes traite d’une mise en œuvre de la théurgie des Réau-Croix voulue par Robert Amadou dans la dernière décennie du deuxième millénaire en réponse à l’état, considéré déficitaire, de la scène initiatique en général dans sa capacité de réconciliation et de réintégration. La réalisation de ce projet a permis d’évaluer au plus près les possibilités offertes par le Culte Primitif proposé par Martines de Pasqually à ses émules.

Le deuxième texte réfléchit sur l’essence du Régime ou Rite Ecossais Rectifié à travers le grade central de Maître Ecossais de Saint-André, écrin pour un concentré exceptionnel de mythèmes à même de répondre aux exigences et aux attentes de la classe secrète des Profès et Grands Profès, dont la fonction réelle ne fut jamais pleinement établie concrètement par Jean-Baptiste Willermoz. Plus de deux siècles après, alors que le Rite Ecossais Rectifié est florissant, dans un monde fort différent de celui qui l’a vu se construire, que les exégèses se multiplient, porter le regard sur ce que ce rite préserve, conserve, offre, sur le plan opératif paraît très nécessaire.

Le troisième texte est de la plume de Lima de Freitas (1927-1998), artiste majeur de la seconde partie du dernier siècle, l’un des grands penseurs du Sébastianisme, et hermétiste de haut vol qui a su se saisir des arcanes pour les réaliser. Le sujet traité, le Feu et le Nombre 515, « la Clef de Dante », n’est pas spécifique au courant illuministe mais imprègne la Tradition occidentale et au-delà. Ce Franc-maçon, Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte au Rite Ecossais Rectifié du Grand Prieuré de Lusitanie, alors sous la direction avisée de José Anes, s’est affirmé comme un maître hermétiste et illuministe de premier plan dont l’enseignement réside pour l’essentiel dans ses peintures, mais aussi dans quelques textes puissants. Le Feu du Ciel est un texte fondamental, rédigé pour la Pentecôte en 1992, qui vient renforcer et étendre la portée initiale, déjà d’une grande puissance, de son ouvrage indispensable 515, le lieu du miroir[1]. Il reprend notamment nombre de points clés identifiés lors de ses échanges épistolaires avec Gilbert Durand. De cette « correspondance imaginale » vont en effet jaillir des révélations aux portées cosmogoniques et alchimiques considérables. Plus encore, Le Feu du Ciel, porte des clés initiatiques nombreuses, universelles, qui font lien entre les enseignements traditionnels que nous avons porté ces vingt dernières années, particulièrement dans le domaine des alchimies internes et des théurgies, que celles-ci empruntent les habits de l’Occident ou ceux de l’Orient.

 


 

Les trois textes nourriciers de cet ouvrage se complètent et s’harmonisent remarquablement. Ils sont donnés comme des pistes de réflexion, de méditation, de maturation à tous ceux qui veulent bien écouter et entendre, s’ouvrir à plus grand et à plus haut sens. Ils ne reflètent probablement qu’un aspect de la Réalité, car qui sommes-nous ici pour prétendre détenir la Vérité ? Mais ils peuvent dire beaucoup à ceux qui se laissent infuser et qui lisent avec leur Cœur. Ils pourront alors leur faire pressentir l’Absolu, la liberté de l’Absolu. Tout est affaire de regard, de prise de conscience, d’attention à ce qui est, de présence.



[1] 515, le lieu de miroir de Lima de Freitas, éd. Albin, Michel, Paris, 1993.

vendredi 17 mars 2023

La Tradition universelle de Constant Chevillon.

La Tradition universelle de Constant Chevillon. Editions Amici Librorum.

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Constant Chevillon (1880-1944) est décédé le 25 mars 1944, assassiné lâchement par la Milice du gouvernement de Vichy. Ce livre fut publié chez Derain, après son décès, en 1946, selon sa volonté.

Dans son avant-propos, Mme J.B. rappelle l’importance de l’enseignement délivré par Constant Chevillon :

« L’enseignement de C. Chevillon s’adressait aux hommes de désir spirituel. Jadis, ses fidèles disciples entendaient sa parole, ils attendaient ses écrits et les recevaient avec ferveur. Pour eux, il dévoilait un peu de la science qu’il possédait : c’est pour eux qu’il composa cette « Tradition universelle », car il voulait leur laisser les éléments de la révélation ésotérique, afin de fixer et compléter son Verbe. »

 


 

Constant Chevillon fut quelque peu oublié par le jeu des sociétés initiatiques dans la seconde partie du siècle dernier, pourtant il n’a cessé d’être étudié dans certains cercles, notamment martinistes. La réédition de ses travaux permet de saisir combien son enseignement s’extrait de son époque pour conduire à l’essentiel. Dans sa préface, il donne un avertissement à propos de la tension entre Tradition et sciences qui résonne particulièrement en ce début de millénaire. Remarquant notre tendance à la croyance au scientisme, il alerte :

« La science pourtant est constituée par une série d’hypothèses, par des doctrines dont les phénomènes, le plus souvent, se rient, car le monde est le champ de bataille de l’être et des êtres, non pas le théâtre des abstractions et, par conséquent, d’un ensemble de fantoches. Le monde c’est la vie qui est toujours concrète, c’est-à-dire synthétisée dans une conscience ou un instinct, dans une durée ou dans une éternité et non pas dans une mathématique quantitative ou d’intensité pure. La vie est une unité qui se disperse en actes et dont aucune algèbre ne peut donner la clef. Au bout des théories, il y a un phénomène ; derrière celui-ci, se cache une essence. »

Tout l’ouvrage oriente vers cette essence, vers l’Esprit. Constant Chevillon se garde de dresser un catalogue des expressions de la Tradition universelle. Il en cherche plutôt les fondements, les principes. Il est question d’entendement et non d’érudition. Cela passe par la réunion des opposés, science et religion, sagesse ou foi et raison…

« L’intériorité, dit Constant Chevillon, est le berceau de la foi ou, plutôt, le lit nuptial dans lequel la raison et la foi entrent en copulation pour engendrer le réel dans les issus profonds de la subjectivité. Dès lors, la contingence est résorbée d’une certaine manière et le moi devient le support inamovible de l’être véritable, quasi nécessaire et immortel. »

Douze chapitres constituent le propos dense et profond de ce livre : La Tradition Universelle – Vrai Visage et Miroir déformant – L’Homme – L’Esprit – La Personne et l’Individu – Métempsycose – Premières Conséquences – Progression – Essai Constructif – Droit et Devoir – Autorité et Pouvoir – Contrastes et Consonances ; Antinomies et Solutions.

La force du propos tient dans la capacité d’analyse et de traversée des contextes culturels, géographiques ou autres de Constant Chevillon afin de les prendre en compte pour mieux s’en dégager et saisir ce qui est essentiel, en soi et en ses conséquences concrètes. C’est « le vrai, le beau et le bien » dont il souhaite nous donner le pressentiment, le goût, en réduisant la distance intérieure qui nous en sépare. Sans craindre de descendre dans l’arène de la dialectique et de l’argumentation dualiste, il vient nous chercher dans le champ des contradictions et des identifications pour nous élever à notre véritable nature.

Cet homme fut davantage qu’un ésotériste. Il fut et reste un véritable penseur et un éveilleur.