mercredi 6 janvier 2010

Les Maîtres de l'Eveil. Collection

Serge Caillet lance avec les Editions Signatura une belle collection intitulée Les Maîtres de l’Eveil. Les deux premiers titres sont consacrés à deux figures de l’hermétisme et de l’illuminisme, Dom Antoine-Joseph Pernéty et Martines de Pasqually.
Après une introduction synthétique replaçant l’homme et l’oeuvre dans leurs contextes historiques, culturels et religieux, Serge Caillet a sélectionné avec soin un ensemble de textes, certains étaient devenus introuvables, afin d’introduire le lecteur aux différentes facettes d’oeuvres aussi riches que complexes.

Martines de Pasqually, le théurge de Bordeaux, textes choisis et présentés par Serge Caillet, Editions Signatura.
La personne de Martines de Pasqually (1710 ? – 1774) reste et restera probablement une énigme tant on sait peu de choses de ses origines et de ses sources. De son oeuvre et de son ordre, l’Ordre des Chevaliers maçons Elus Coëns de l’Univers, on sait au contraire beaucoup aujourd’hui notamment grâce au travail acharné de Robert Amadou.




Le choix de textes proposé permet d’approcher l’oeuvre de Martines de Pasqually sous une double entrée, celle de la théosophie, celle de la théurgie. Bien qu’inachevés à la mort de Martines, l’ordre et l’oeuvre, qui se confondent, n’en présentent pas moins une grande cohérence. Si la forme de l’ordre est maçonnique, pour des raisons organisationnelles et stratégiques, la finalité est nettement sacerdotale. La doctrine martinésienne et sa vérification théurgique apparaissent d’emblée comme d’une grande exigence. Il est finalement étonnant que l’ordre et la doctrine trouvent encore à se perpétuer aujourd’hui, dans un monde de vitesse et de facilité.
Les textes rassemblés permettent de mieux cerner ce qui est spécifique de ce courant, ce qui le distingue à la fois du catholicisme et de la kabbale, ce qui fonde l’illuminisme. L’ouvrage débute avec des extraits du Traité sur la réintégration des êtres, ouvrage fondamental. Puis il aborde la définition de l’esprit, de l’intellect et de l’âme, chez Martines. Des extraits de lettres traitent notamment des nombres et de leur symbolique. Le chapitre « Franc-maçonnerie » propose plusieurs documents assez connus : Réception d’apprenti, Catéchisme de maître élu coën, Explication secrète du catéchisme d’apprenti, compagnon et maître coëns. Enfin, la dernière partie traite de la théurgie avec trois lettres précieuses à Jean-Baptiste Willermoz dans lesquelles Martines donne une série d’instructions et de conseils pour la pratique théurgique. Les trente-cinq articles des Statuts secrets des réaux-Ccroix et les longues invocations des Travaux d’équinoxe complètent l’ensemble.
Cet ouvrage sera l’occasion de découvrir la valeur, mais aussi la grande difficulté, de l’une des rares voies réelles offertes par l’Occident. Le lecteur devra savoir passer outre le langage lourd du XVIIème siècle pour accéder à la légèreté lumineuse des coëns. Pour d’autres, ce sera une nécessaire révision.

Dom Antoine-Joseph Pernéty, Théosophe et alchimiste, textes choisis et présentés par Serge Caillet, Editions Signatura.
Voici encore un être d’une rare complexité, d’une intelligence subtile qui laissa une empreinte majeure bien que trop ignorée, sur l’hermétisme. Dom Antoine-Joseph Pernéty (1696-1777), alchimiste, philosophe et théosophe resta catholique sa vie durant ce qui n’était pas sans risque et sans contradiction interne à cette époque.






De Pernéty, c’est sans doute l’alchimiste qui est le plus intéressant mais il ne faudrait pas réduire son oeuvre à l’alchimie même si son Dictionnaire mytho-hermétique demeure une référence. Entre le laboratoire et la méditation, cet érudit, grand voyageur, n’aura de cesse d’approfondir une pensée qui concilie la pratique opérative et la vision mystique, notamment celle d’Emmanuel Swedenborg pour qui Pernéty a une grande admiration. Il animera certains cercles de grande valeur dont celui connu aujourd’hui comme les « illuminés d’Avignon ».
Il fut le premier et le plus mauvais traducteur de Swedenborg, non par incompétence mais par souci de concilier la doctrine de Swedenborg avec son catholicisme, conciliation impossible. Grâce à lui cependant, Swedenborg connu un certain rayonnement en France. Enfin, il développera une mariologie originale.
Ce sont tous ces aspects, ces expériences dont rend compte Serge Caillet par un choix judicieux d’extraits de textes et de documents divers : Les Fables égyptiennes et grecques dévoilées (1758), extraits – Dictionnaire mytho-hermétique (1758), extraits – lettre à l’abbé Vollain à propos de Nicolas Flamel (1762) – Journal historique d’un voyage aux îles Malouines (1769), extraits – L’Amérique et les Américains (1770), extraits – Discours sur les tempéraments (1777), extraits – Questions à la sainte parole (1779-1780), extraits – Préface à Swedenborg – Vertus de Marie (1790), extrait.
Editions Signatura, Abbaye de Maubec, 26200 Montélimar, France.
http://www.signatura.fr/