Le plan secret d’Hiram. Fondements opératifs et perspectives spéculatives
du tableau de loge de Jean-Michel Mathonière,
Editions Dervy.
Jean-Michel Mathonière est un historien du Compagnonnage et plus
particulièrement des Compagnons tailleurs de pierre. Vous trouverez ses travaux
sur le site www.compagnons.info
Ce travail fut publié une première fois en 1998 à La Nef de Salomon sous
le nom d’emprunt de Marc-Reymond Larose.
Jean-Michel Mathonière insiste sur « la nécessité » de ne pas
confondre compagnonnage et franc-maçonnerie, sur le fait qu’il s’agit de
sociétés initiatiques qui sont très différentes l’une de l’autre et que leur
« parenté » est davantage illusoire que réelle ». Son essai, qui
traite du tableau de loge tant du point de vue spéculatif que sous l’angle
opératif, n’en est que plus intéressant. Il évite les « terribles
simplifications ».
Le tableau de loge tient une place essentielle dans le rituel
maçonnique. Il est à la fois la synthèse et le révélateur des arcanes du rite,
de manière plus ou moins marquée d’un rite à l’autre. Jean-Michel Mathonière
note une certaine confusion quant aux interprétations d’un même tableau là où
la cohérence est attendue. Il pose d’abord la question « de la nature
réelle de la relation opératif/spéculatif » et cherche à clarifier les relations,
les influences, les emprunts ou les usurpations entre Franc-maçonnerie et
Compagnonnage. Il se demande notamment « si le tableau de loge maçonnique
ne résulte pas d’une superposition/confusion de deux éléments à l’origine
distincts dans le cadre opératif : le tracé géométrique sacramentel et le
tableau emblématique (Rôle) de la société. ».
Après un rappel iconographique qui met en évidence la complexité de la
question, il étudie la structure géométrique et spatiale du tableau de loge, les
éléments du tableau dans une structure de plans superposés (plan spatial et
cosmologique, plan architectural, plan « opératif », plan religieux),
la planche à tracer des maîtres ou le plan de la Jérusalem Céleste et enfin le
tableau de loge en tant que système d’art de mémoire. Son propos, rigoureux,
permet de rectifier nombre d’erreurs courantes en loge ou dans des ouvrages
maçonniques de référence. Exemple :
« Le petit édifice représenté au centre
du tableau est unanimement interprété comme étant la figure de la Chambre du
Milieu, lieu où se réunissent les Maîtres Maçons – ce qui permet d’assurer le
fragile lien avec le troisième degré.
En réalité, dans le contexte opératif, l’absurdité
de cette interprétation ne fait aucun doute : il s’agit en fait de la
représentation d’une maquette d’architecture, celle du temple, et donc par
analogie, du temple lui-même (que ce soit celui de Salomon, celui du Christ ou
celui à venir). Ce qui implique que, de ce point de vue, la loge ne se tient
pas dans le temple, mais sur le chantier qui est autour de lui, et que les
Maçons assemblés ont comme préoccupation centrale le projet d’un édifice (maquette, planche à tracer, règle et Géométrie
occupent le centre-Milieu du tableau). »
Une lecture attentive de ce travail,
conjointe aux deux ouvrages que nous vous avons déjà présentés, Voyages dans les Tableaux de Loge, histoire et symboles de Dominique Jardin,
Editions Jean-Cyrille Godefroy et Anatomie des tableaux de Loge, sous leurs formes
symboliques et allégoriques de Percy
John Harvey, Editions Dervy, permettra de renouer avec la fonction du tableau
de loge qui est de fixer l’orientation, que cela soit dans un procès spéculatif
ou dans un procès opératif.
Editions
Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.