mercredi 20 avril 2011

Rite Opératif de Salomon

Le Rite opératif de Salomon, 3 volumes : Apprenti, des Ténèbres à la Lumière – Compagnon, du spéculatif à l’opératif - Maître, de la Mort à la Vie, par Monique Amiot, Xavier Tacchella, Maison de Vie Editeur.
Le Rite Opératif de Salomon, R :. O :. S :., est l’un des plus jeunes rites maçonniques. Pour cette raison, il demeure mal connu et ces trois volumes qui lui sont consacrés constituent une opportunité de découvrir et mieux comprendre un rite à la fois traditionnel et original dans lequel le symbolisme tient une place prépondérante.
Le Rite Opératif de Salomon est né il y a plus de trente ans au sein d’une Loge parisienne, dans le cadre du Grand Orient de France, dont il se détacha assez rapidement, notamment en raison de sa mixité, pour essaimer et fonder l’ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal, O :. I :. T :. A :. R :. Qui regroupe aujourd’hui les nombreuses Loges pratiquant ce rite. La volonté des fondateurs était de revenir à la Tradition et à la fonction initiatique des rites, de se changer soi-même pour changer le monde et non l’inverse.
Sept principes président le R :. O :. S :. : Le respect des autres et la dignité de soi ; La liberté de conscience et l’égalité parfaite ; La compréhension réciproque et la tolérance mutuelle ; L’amour fraternelle et l’amitié fidèle ; la confiance absolue et le dévouement exemplaire ; La justice pour chacun et l’équité pour tous ; Le perfectionnement individuel et l’amélioration collective. On notera que cette présentation en deux segments oblige à une dialectique qui évite de figer un processus en sentence. Les principes s’interrogent et se mettent en œuvre au quotidien.
Les auteurs traitent les principaux termes maçonniques à travers des axes bien précis, raison, espace, décors, temps, auxquels s’ajoutent des remarques complémentaires. Cela permet de structurer aussi bien la Galerie aux manœuvres choisis, la Carrière, le Triangle, le Chantier, le cercle du Bon Savoir, le Cercle de Recherches Thématiques et la Loge, à la fois comme lieu et comme fonction d’appel ou d’initiation.
Aux trois grades d’Apprenti, Compagnon, Maître, les auteurs s’efforcent de dégager l’essence des outils, leur force symbolique et d’indiquer ou suggérer leur dimension opérative. Ils n’hésitent pas à emprunter une démarche comparative entre les rites, chacun éclairant une facette d’un même outil. D’une manière générale, le R :. O :. S :. cherche à renouer avec l’esprit vivifiant du compagnonnage, à s’enrichir de la rencontre avec d’autres rites, d’autres loges, d’autres Francs-maçons. Le grade de Compagnon, si important, est trop souvent négligé. Il est pourtant la clef d’une maîtrise réussie. De manière similaire, le R :. O :. S :. insiste sur la Géométrie et demande au Compagnon d’exécuter effectivement des tracés, dont celui de la section dorée. Cette préparation rigoureuse permettra au Compagnon, après la réalisation de son chef d’œuvre et la présentation d’un travail d’augmentation de salaire, de répondre aux questions posées lors de l’Audition du Compagnon fini, questions qui visent à vérifier la réalité de ses connaissances.
Le volume consacré au grade de Maître commence par une indispensable exploration de la Chambre du Milieu et du sens même de l’élévation :
« Conformément à la doctrine alchimique, Hiram est trouvé putréfié par les Maîtres qui le cherchent, et bien que la chair se détachât des os, il est relevé ! De même Osiris, fait des morceaux retrouvés par Isis, sera relevé. De même Jésus, après trois jours passés dans le monde des morts ressort vivant de son tombeau.
Dans cette résurrection hiramique comme christique, il faut donner le sens d’Anagogia, c’est-à-dire, élévation, signifiant par là l’élévation de l’homme au divin, le passage de la nature humaine à la nature divine : c’est ce qui confirme le passage de l’équerre au compas. Compas qui sert à tracer le cercle symbolique du serpent qui se mord la queue, l’ouroboros symbole d’éternité et d’immortalité.
C’est la réintégration de l’être cher à Martines de Pasqually, le retour à l’Adam Kadmon, l’homme originel d’avant la faute, celui à qui Yahvé dit : « Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, tu deviendras mortel. » (Genèse 2, 17). »
Les composants du grade sont analysés, souvent en référence à la tradition de la langue hébraïque : les cinq points parfait de la Maîtrise, le mot sacré, les nombres du Maître…
Les trois volumes proposent beaucoup de documents anciens. Le troisième volume, consacré au grade de Maître rassemble plusieurs expressions de la légende d’Hiram, selon la Bible, dans la littérature, chez Gérard de Nerval, et selon divers rites, du R :. E :. A :. A :. au Rituel du Duc de Chartres de 1784, en passant par le R :.E :.R :. ou le Rite Standard d’Ecosse, entre autres. Chacune de ses lectures délivre dans la conscience des processus différents qui tous convergent cependant vers une structure absolue.
Nous voyons que ces trois volumes, très pédagogiques, ne sont pas seulement destinés à nous faire mieux comprendre le R :. O :. S :., ses spécificités, ses richesses, ils intéresseront tout Franc-maçon désireux de se perfectionner en interrogeant une fois de plus ses propres travaux.
Maison de Vie Editeur, 16 boulevard Saint-Germain, 75005 Paris, France.