lundi 17 août 2009

La voie du Coeur

Jacqueline Kelen vient de publier un très beau livre sur la voie du Coeur aux Editions La Table Ronde sous le titre La puissance du coeur.
Ce texte aborde avec poésie, érudition et profondeur, cette voie du coeur, si mal comprise en ce monde qui exacerbe l’émotion déplacée et conditionnée. Si la voie du coeur, voie de liberté, est essentielle à nombre de traditions depuis l’illuminisme jusqu’au bouddhisme en passant par le soufisme, elle ne saurait se limiter à une forme quelle qu’elle soit.
Approchons l’expérience à laquelle Jacqueline Kelen nous introduit avec son talent habituel :
« ...dans les traditions spirituelles et chez les mystiques tout particulièrement, le coeur désigne le centre de l’être, sa conscience profonde et le lieu de la connaissance transcendante. C’est en cette chambre secrète, en cette caverne ou ce miroir que la Divinité se dévoile, se donne à connaître et à contempler. Une parole sainte de l’islam fait dire à Dieu : « Ni le ciel ni la terre ne me contiennent, mais le coeur de mon serviteur me contient. »
Ainsi, le coeur – symbolique, invisible - , où palpite la Présence, devient le lieu des révélations, des intuitions fulgurantes, des visions et de l’union mystique. C’est « l’oeil du coeur » qui perçoit le Seigneur, les mondes invisibles, les secrets intérieurs ; c’est « l’oreille du coeur » qui accueille la Parole éternelle, vivifiante, et les messages prophétiques. Grâce au coeur-conscience, l’être humain peut accéder à la contemplation des vérités éternelles et à la connaissance spirituelle qui est « intelligence du coeur ». (...)
La confusion est grande, et nombreuse les illusions, lorsqu’on parle de « la voie du coeur » ou de « l’ouverture du coeur ». Contrairement aux niaiseries et aux mièvreries dont l’accablent de pseudo-spirituels, cette voie est d’une terrible exigence et elle n’implique pas particulièrement de pratiques dévotionnelles, mais encore moins de bons sentiments : ici, la question n’est pas de croire, de s’adonner à un culte, ni d’être gentil, tolérant ou solidaire, mais bien de s’éveiller.
La voie du coeur, qui s’arrache à tout émotionnel, à tout usage du pathos, est celle de la connaissance spirituelle, avec ce que cela suppose de recherche, d’étude, de réflexion, de silence, de discernement, d’écoute, et d’expression intérieure personnelle. Cette démarche requiert non point l’intellect, mais une intelligence vaste et fine que la béguine Marguerite Porète nommait « entendement subtil », et Hildegarde de Bingen « les fines oreilles du sens intérieur ». Cette intelligence spirituelle reçoit les aspirations divines et la grâce de compréhension des choses cachées dans la mesure où elle s’y est longuement préparée et où elle persévère dans son ascèse. »
Bien des paroles de Jacqueline Kelen font écho à l’enseignement du Philosophe Inconnu qui conduit l’Homme de désir jusqu’au Ministère de l’Homme-Esprit :

« Dans le domaine de la connaissance spirituelle, qu’on appelle aussi connaissance du coeur, il existe des affinités évidentes entre le silence, le secret et le désir. En effet, pour user de métaphores, voici comment on approche de la maison du coeur :
- le désir ouvre la porte
- le silence permet d’y demeurer
- le secret protège l’habitation intérieure. »

La table Ronde, 14 rue Séguier, 75006 Paris.