Marie,
la nouvelle Eve de Jean Hani, Editions Arma Artis.
La théologie classique oppose souvent Eve et
Marie. Les deux femmes sont antithétiques et manifestent les deux temps des
mystères du christianisme que sont la chute et la rédemption. Dans cet essai
bref mais de grande qualité, Jean Hani traverse la dualité Eve/Marie pour identifier les fonctions
opératives essentielles et complémentaires dont elles sont porteuses.
Pour cela, il identifie les traits partagés
ou parallèles entre Marie et Eve avant d’insister sur Marie comme
Co-rédemptrice. Marie est la Sophia, la Sagesse. Femme absolue, originelle et
ultime, elle manifeste l’Eternel Féminin.
« Marie, précise Jean Hani, est la
« Nouvelle Eve », parce que, en sa manifestation terrestre, elle est
le principe féminin resté pur et vierge, parfaitement uni à son prototype
éternel, et par là, elle est devenue le signe visible et efficace de la
réintégration, dans ce principe féminin supérieur, du principe féminin
dégénéré.
On voit par là que la régénération d’Adam ne
pouvait se faire qu’avec et par la régénération d’Eve, qui avait été la cause
de sa propre chute. »
Jean Hani cite alors le Père Boulgakov pour
qui « la théanthropie est réalisée, non par Jésus seul, mais par Jésus et
Marie ; la Rédemption, dit-il, ne peut se faire que par l’Homme et la
Femme, afin de reprendre l’état d’avant la Chute et le redresser. »
La co-rédemption est une co-création. Jean Hani
invite à une lecture métaphysique du mythe et va encore plus loin dans le
non-dualisme, à la recherche de « l’état où homme et femme ne sont pas
séparés ».
Il livre ainsi une clef des opérativités
inscrites dans les liturgies :
« Si on envisage les choses du point de
vue métaphysique, on constatera que le couple théanthropique est le reflet,
dans l’ordre cosmique, qui est celui de la Rédemption, de la Dyade divine ou
Bi-unité divine, c’est-à-dire le Dieu créateur et la Nature universelle,
désignés en Inde sous les noms de Purusha
et Prakriti, Bi-unité qui se reflète
dans l’Androgynie primordiale, l’image de Dieu en l’homme (Gn 1, 27), qui s’explicite,
en sa manifestation dans l’ordre visible, dans le couple virginal de l’Homme et
de la Femme. (…)
Ce parallèle n’est pas sans rapport avec la doctrine
hébraïque de la Shekhina, qui se
réfère autant à Marie qu’au Christ. La Shekhina
désigne essentiellement en Dieu le Principe féminin actif de la manifestation
et, par là, correspond au concept hindou de Shakti.
Comme telle la Shekhina est appelée
la « Mère d’En-Haut », la « Matrona » et la « Reine ».
Comme « Reine », elle s’unit au « Roi », le Principe
masculin, pour établir, ou rétablir, l’ordre cosmique… »
Jean Hani note le double aspect de cette
puissance, gracieuse, tendre, joyeuse et bienveillante mais aussi terrible,
rectifiant ce qui doit l’être.
Cet essai, très synthétique, démontre en quoi
il n’y a pas d’initiation sans l’intervention de la puissance du Féminin.
Editions
Arma Artis, BP 3, 26160 La Bégude de Mazenc, France.