dimanche 13 mars 2011

A la suite d'Oswald Wirth, Irène Mainguy

La Franc-maçonnerie clarifiée pour ses initiés. L’Apprenti par Irène Mainguy, Editions Dervy.
A la suite d’Oswald Wirth, Irène Mainguy poursuit son inlassable et remarquable œuvre de modernisation, rectification dirait Robert Amadou, de la propédeutique, de la symbolique, et des procès de connaissance maçonniques.
Elle ne fait pas que moderniser, elle redonne de l’axialité et de la profondeur à une Franc-maçonnerie tellement éparpillée qu’elle va chercher du sens jusque dans la psychanalyse freudienne, pourtant orientée à l’exact opposé de toute Tradition. Nous ne dirons jamais assez combien son travail est d’importance et constitue une opportunité pour l’avenir initiatique de la Franc-maçonnerie, quelque peu compromis. La tradition maçonnique, qui devrait se suffire à elle-même, peut être ainsi ressaisie et retrouver son sens opératif.
Irène Mainguy conserve la structure des livres d’Oswald Wirth en la clarifiant. Les premiers chapitres traitant des aperçus philosophiques sur l’histoire générale de la Franc-maçonnerie, des premières données historiques, de quelques personnalités marquantes, des débuts de la Franc-maçonnerie en France posent un nécessaire cadre temporel avant d’aborder la dimension initiatique.
« Parmi les éléments essentiels de l’initiation maçonnique, il faut noter son caractère indélébile. Elle ne peut être, insiste-t-elle, qu’une transmission de personne à personne, d’un initiant à un récipiendaire. »
Ce point est d’importance. Trop souvent, la responsabilité initiatique de l’initiateur est diluée dans le collectif de la loge. Le caractère traditionnel est ainsi perdu. La loge n’est pas un collectif mais une unité qui soutient l’initiateur et se manifeste à travers le Vénérable de la loge.
Irène Mainguy rappelle à l’ordre, c’est à dire à la présence à soi-même, à la pleine conscience de ce qui est là, substance, énergie, essence, à ce qui se joue par la dynamique initiatique, à la congruence initiatique :
« Tout acte, tout geste rituel produit, à un moment ou à un autre, un effet proportionnel à l’acte lui-même.
D’un point de vue traditionnel, il y a une étroite corrélation entre gestes, rites et symboles.
Tous les signes d’ordre s’effectuent en position debout. C’est une posture d’attention, de respect et de dignité.
Tout geste rituel est significatif en Franc-maçonnerie. Il donne un maintien physique solennel, il favorise l’ouverture de l’entendement. Il ouvre par là des possibilités de réalisation spirituelle. Si le geste est juste, il favorise la perception de la transcendance. Les mots qui accompagnent la gestuelle donnent un rythme au corps, lequel s’accorde à celui de la parole. »
L’initiation exige un ésotérisme, y compris en Franc-maçonnerie où il fait parfois défaut. Le mot même est parfois banni.
« L’ésotérisme, rappelle Irène Mainguy, permet d’éviter de se laisser emprisonner dans les limites étroites et restrictives de l’exotérisme. Ce dernier est davantage attaché au formel et à la lettre, par le respect de ses préceptes, plus qu’à l’esprit des choses. Le respect des dogmes religieux par exemple restreint la compréhension de l’univers et maintient sa lecture dans une grille de valeurs binaires. Ce chemin d’intériorité bien vécu, parce que bien compris, permet par la distanciation de savoir adopter une position ternaire qui réconcilie les oppositions nécessaires et fécondes. »
L’initiation est bien un procès qui conduit de la conscience duelle à la conscience non-duelle.
« La Franc-maçonnerie propose une démarche visant à éveiller ou réveiller l’intériorité de l’être, à favoriser l’ouverture de sa conscience dont la principale constante symbolique sera le cheminement dans l’obscurité vers la Lumière qui se dévoilera progressivement, degré après degré, pour transcender et unifier avec clarté toute forme de dualité. »
Voici un ouvrage de référence pour tous les francs-maçons, un manuel nécessaire qui ramène au centre, au cœur même de l’initiation maçonnique.
Editions Dervy, 22 rue Huyghens, 75014 Paris.