Prier la Parole. Lecture et méditation des écritures d’Enzo Bianchi, collection Spiritualités vivantes, Editions Albin Michel.
Enzo
Bianchi est le fondateur de la communauté œcuménique de Bose, dans le Piémont.
Ce livre est devenu depuis sa première édition en 1973 une référence pour tous
ceux qui souhaitent redécouvrir une pratique traditionnelle du christianisme
ancien, la lectio divina.
« La
Parole de Dieu adressée aux auteurs bibliques, enseigne Enzo Bianchi, a été
fixée par écrit non pour donner un code de la Parole de Dieu aux croyants, mais
pour que l’Ecriture puisse toujours devenir Parole.
Et
le lieu privilégié où l’Ecriture devient Parole est la liturgie. (…)
L’assemblée
liturgique est beaucoup plus qu’une manifestation de l’unité du peuple de
Dieu ; elle est, selon la définition d’Augustin, le sacrement visible du
Verbe ; elle est le sacrement du Verbe qui se fait entendre. C’est le
Christ lui-même qui agit et opère par sa Parole. (…)
Une
autre raison de l’importance de la lectio
divina est la préparation à la
liturgie. Si la Parole est reçue sans préparation, sans foi, sans amour et
sans connaissance, elle ne vivifie plus, elle reste pour nous parole morte. Si
l’interprétation et l’écoute de la Parole doivent être doxologiques, c’est-à-dire
qu’elles doivent se faire en commentant la Parole par la Parole, il faut bien
la connaître et l’approfondir ; et cela n’est possible que s’il existe une
amoureuse assiduité vis-à-vis de la Parole. »
L’opérativité
de cette pratique est telle qu’elle devient une forme d’ascèse.
« L’assemblée
liturgique est un rassemblement non seulement de croyants, mais de croyants
devenus prêtres et prophètes, c’est-à-dire capables de lire et d’écouter l’Ecriture
avec le même esprit qui anima prêtres et prophètes. Donc tout membre de l’Eglise,
justement en vertu de cette qualité qui lui est propre, rend la Parole vivante
pour lui-même et pour l’Eglise. »
Cette
opérativité qui permet de comprendre le sens du dogme dans son rapport au
mystère d’où naît cette « vivance », le frère Enzo la soutient par un
ensemble de conditions. Pour cette « lecture priante », il faut « un
lieu de solitude et de silence, où tu puisses prier ton Père dans le secret
jusqu’à le contempler » dit-il dans une lettre au frère Jean. « Le cœur
est l’organe principal de la lectio
divina » précise –t-il, « un cœur large et bon », « un cœur
d’enfant ». Nous sommes en pleine voie cardiaque. Il convient d’invoquer l’Esprit
Saint car « C’est l’Esprit qui a présidé la génération de la Parole ».
Lire ne doit pas être le fruit du hasard : « Obéis au lectionnaire
liturgique et accepte ce texte que l’Eglise t’offre aujourd’hui, ou bien lis un
livre de la Bible du début à la fin, en en faisant une lecture cursive. ».
Et « Médite ! ». Le chemin est étroit entre érudition et onction,
science et conscience, livre et charité. S’orienter vers le second terme sans
rejeter le premier demande humilité, écoute et même « rumination ». Enfin,
« Prie ! » clame-t-il, « Parle maintenant à Dieu,
réponds-lui, réponds à ses invitations, à ses appels, à ses inspirations, à ses
demandes, à ses messages qu’il t’a adressés à travers la Parole comprise dans l’Esprit
Saint. »
Lire,
méditer, prier, contempler, tel est le chemin :
« La
lecture est un exercice externe, la méditation est un acte de l’intelligence
intérieure, l’oraison un désir, la contemplation un dépassement au-dessus de
tout sens. Le premier degré est celui des commençants, le second des
progressants, le troisième des fervents, le quatrième des bienheureux. »
Editions Albin Michel, 22 rue Huyghens,
75014 Paris, France.