La Pierre cubique à pointe par Jeanne Leroy,
collection Les Symboles Maçonniques, MdV Editeur.
Les
Compagnons opératifs rappellent régulièrement aux Francs-maçons qu’ils ne doivent
pas oublier la Pierre cubique à pointe, parachèvement de l’œuvre, ultime
justification du voyage et du choix initiatique de l’alternative nomade.
Jeanne
Leroy nous offre une synthèse nécessaire sur ce haut symbole sans lequel l’édifice
maçonnique perd son orient. Présente depuis l’Antiquité, la Pierre cubique à
pointe évoque les aspects terminaux de la queste initiatique. Le sommet de
cette pierre indique le point sublime, le centre, l’omphalos où se réduisent
toutes les antinomies, où la dualité se dissout dans la non-dualité.
« L’accès
à ce point sommet, précise Jeanne Leroy, correspond à la parfaite maîtrise de
soi qui amène l’être spirituel, dans le non-agir, à s’identifier au moteur
immobile en s’assimilant au point et s’unissant par là avec le principe. »
Il
est intéressant de noter que notre Franc-maçonnerie, si malade du monde et de
ses divisions, bâcle souvent le grade de Compagnon hors la Pierre cubique à
pointe est le chef d’œuvre du Compagnon fini. Renouer avec ce grade et sa
finalité, restituer au voyage sa fonction initiatique authentique, et non en une
amicale « virée des loges », est l’un des axes d’une restauration de la
Franc-maçonnerie initiatique :
« Tout
l’enseignement maçonnique est donné dans son intégralité dans les trois
premiers grades dits bleus : Apprenti, Compagnon et Maître. Ceux-ci ont des
prolongements et des approfondissements dans tous les rites par un système dit
de hauts grades.
Dès
lors, le Maçon retrouve le développement de la pierre cubique à pointe comme
synthèse de toutes les connaissances au 2° et 4° Ordre du Rite Français, ainsi
qu’aux grades de Grands Elus de la Voûte
Sacrée, au 14ème degré, à celui de Chevalier Rose-Croix au 18ème degré et à celui de Grand Elu Chevalier Qadosh au 30ème
degré du R.E.A.A..
Cet
aspect synthétique voulant présenter le résumé des connaissances, montre bien l’étendue
de l’œuvre de recherche du Compagnon pour se transformer en Compagnon fini et
appréhender l’intégralité de la Tradition. »
Jeanne
Leroy s’attarde à juste raison sur la Pierre cubique à pointe surmontée d’une
hache fichée en son sommet. La hache est souvent associée à la foudre et
rappelle l’axis mundi :
« La
hache ainsi que le marteau ou la pioche tranchent par la force, ouvrant ce qui
est ordinairement fermé. Ils y font ainsi pénétrer la lumière par l’éclair qui
frappe, telle la foudre qui s’abat,
image de l’illumination initiatique. »
Symbole
de la maîtrise des arcanes de l’initiation et de l’œuvre, ce symbole opératif,
par son déploiement, est porteur de toute la connaissance traditionnelle,
résultante d’une théophanie qui trouve sa réalisation dans l’accomplissement de
la Pierre Philosophale. Jeanne Leroy conclut ainsi cette nécessaire
introduction :
« De
la simple pierre cubique à pointe polie élaborée par le compagnon fini, cette
pierre est un récapitulatif de l’ensemble de la Connaissance du Grand Elu. Ce
message est gravé dans la pierre à l’image des obélisques.
On
peut considérer qu’au terme de l’ascension pyramidale, l’initié accède à la
quintessence de l’être, à l’union au verbe, semblable à celle du pharaon défunt
qui s’identifiait, au creux de la pierre, au dieu immortel. »
D’autre
part, Elle cite de manière pertinente un extrait du Traité de la réintégration des êtres de Martines de Pasqually qui,
en quelques mots, justifie le recours à l’externe et le processus qui conduit
de celui-ci à l’interne et au point ultime :
« Considérons
le temps comme l’espace contenu entre deux lignes formant un angle. Plus les êtres
sont éloignés du sommet de l’angle, plus ils sont obligés de diviser leur
action pour la compléter ou pour parcourir l’espace d’une ligne à l’autre ;
au contraire, plus ils sont rapprochés
de ce sommet, plus leur action se simplifie ; jugeons par là quelle doit être
la simplicité d’action de l’Être principe qui est lui-même le sommet de l’angle.
Cet Être n’ayant à parcourir que l’unité de sa propre essence pour atteindre la
plénitude de tous ses actes et de toutes ses puissances, le temps est
absolument nul pour lui. »
MdV Editeur, 16 bd Saint-Germain, 75005
Paris, France.