dimanche 13 février 2022

Histoire illustrée du Rite Ecossais Rectifié

 

Histoire illustrée du Rite Ecossais Rectifié de Roger Dachez.Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

Curieusement, la couverture du livre reprend une illustration déjà utilisée par André Kervalla pour son livre Hund en lumière. La Stricte Observance Templière décodée, publié aux Editions La Tarente. Il s’agit du superbe frontispice d’un livre d’ordre de la Stricte Observance Templière, daté de 1775 et conservé au Musée de la Franc-maçonnerie (https://museefm.org/). Les seize illustrations qui justifient le titre de l’ouvrage ont déjà été publiées dans le très beau catalogue d’exposition 1778-2018 : les 240 ans du Convent des Gaules (GPIF-GODF, 2018).

 


 

Malgré le titre, Histoire illustrée, c’est bien d’un essai dont il s’agit, une excellente synthèse historique sur le Rite Ecossais Rectifié, reprenant la plupart des dernières recherches en ce domaine. Roger Dachez permet au lecteur d’accéder en un volume à une visibilité rare sur l’ensemble du développement du RER jusqu’à nos jours, tout en renvoyant, pour qui veut approfondir, sur d’autres travaux publiés.

Le RER naît à la croisée de l’écossisme et de l’illuminisme et puise dans deux matrices, l’une templariste, l’autre martinésiste. Roger Dachez, après avoir rapidement rappelé les origines de la Franc-maçonnerie, en l’état actuel de la recherche, identifie pour nous ces deux sources et présente les « pères fondateurs » du RER : Martinès de Pasqually, Jean-Baptiste Willermoz et Louis-Claude de Saint-Martin :

« Leurs contributions respectives, en partie mêlées comme le furent leurs vies, sont cependant chacune marquées d’un sceau particulier et pourrait-on dire, d’un charisme spécifique. C’est dans l’unité indivise de leur travail commun, avec ses hésitations, ses retards et ses remords, que doit s’envisager la maçonnerie rectifiée, sans rien en retrancher. En une vingtaine d’années, à partir d’un centre établi dans la capitale des Gaules, ils façonnèrent et donnèrent ses lettres de noblesse à un système maçonnique qui n’avait pas encore atteint sa pleine maturité quand se déclencha la tourmente révolutionnaire. »

Roger Dachez, tout en éclairant les marqueurs historiques, prend le temps de présenter, démêler chaque fois que cela est possible, les questions qui peuvent générer de la confusion comme celle de la filiation templière, du caractère chrétien du RER, des rituels-sources, de la place et de la fonction du grade essentiel de Maître-Ecossais de Saint-André, de la nature de la Chevalerie qui caractérise l’ordre intérieur ou encore de la Grande Profession.

« Quelles que soient, nous dit-il, les modifications que l’évolution des esprits en notre temps et les choix obédientiels ont opéré sur ces rituels d’origine, l’inspiration qui les guide demeure la même. L’armement chevaleresque n’est pas seulement – et même pas fondamentalement – une dignité que l’on recevrait dans une cérémonie d’ailleurs impressionnante. Ce n’est ni une parodie nobiliaire ni une parodie templière : c’est avant tout un engagement dans l’ordre intellectuel, moral et spirituel. »

La renaissance et le déclin de l’Ordre rectifié au XIXème siècle puis son retour et son développement improbable au siècle dernier doivent nous rappeler que c’est une chance si, aujourd’hui, le RER est épanoui et que s’ouvre pour lui un bel avenir.

« Si le RER, conclut Roger Dachez, n’est donc aucunement une religion de substitution, en revanche l’environnement historique et doctrinal qui l’a vu naître et se structurer délimite ce qu’on pourrait à bon droit appeler une « spiritualité rectifiée ». Il appartient à chaque Franc-maçon du Régime d’en spécifier les couleurs particulières. C’est dans l’étude de ses copieux textes fondamentaux, aujourd’hui presque tous disponibles dans leur version d’origine, du bas en haut de son échelle, mais aussi dans la mise en œuvre de ses rituels, s’ils sont exempts de toute altération, que ses adeptes sincères peuvent mener ce travail intérieur vers quoi tend tout l’édifice rectifié. »

Remarquons, au début de l’ouvrage, une très pertinente présentation des distinctions entre Anciens et Modernes qui sera utile à beaucoup.