Monsieur Philippe, l’Ami de Dieu par
Serge Caillet, Editions Dervy.
On
sait l’influence prépondérante du Maître Philippe sur les mouvements martinistes
et au-delà sur la scène ésotérique européenne. Il a suscité bien des passions
et fascine encore des mystiques comme des hermétistes.
Serge Caillet avait établi en l’an 2000, lors
de la première édition de ce livre, un remarquable portrait, historique et dépassionné, basé
sur les faits et les témoignages, permettant de mieux cerner la personnalité et
l’œuvre du Maître. Cette seconde édition, très augmentée, s’appuie sur de
nouveaux inédits et approfondit la première édition déjà excellente.
Exploitant
plusieurs sources inédites, Serge Caillet tente de passer outre les clichés
nombreux qui voilent une personnalité riche et complexe pour restituer
l’histoire certes mouvementée mais toujours orientée d’un homme hors du commun.
Cette biographie difficile permet de suivre l’itinéraire de Philippe depuis sa
campagne natale et sa famille paysanne jusque dans les méandres politiciennes
de la cour de Nicolas II ou d’autres monarques. Philippe ne cessera jamais
d’être lui-même, un homme de Dieu soulageant la souffrance qu’elle soit
physique ou spirituelle. Très probablement, cet homme ordinaire a été un
extraordinaire imitateur de Jésus-Christ poussant à son stade ultime
l’imitation de Jésus-Christ.
Dans
son union avec le Christ, pécise Serge Caillet, Monsieur Philippe, qui se
disait le chien du Berger et sur lequel, selon l’abbé Julio, reposait l’esprit
de Dieu, a reproduit à sa façon l’image parfaite du Fils de Dieu devenu homme,
il a atteint la ressemblance avec Dieu dans la ressemblance avec le Christ dont
il était l’ami. Le Christ n’a-t-il pas proclamé : « Heureux les
pauvres en esprit car ils verront Dieu. » ? »
Serge
Caillet nous rappelle les propos de Sédir : « Sédir a merveilleusement
évoqué son maître parmi Quelques amis de
Dieu, où il ne craint pas d’avouer que M. Philippe lui est apparu « comme
un de ces frères mystérieux du Seigneur, un des plus grands, le plus grands
peut-être, des hérauts de l’Absolu ». A travers lui, il a « vu et
touché les preuves expérimentales des promesses du Christ qui a dit un jour
qu’Il donnerait à Ses Amis le pouvoir d’accomplir des miracles plus grands que
les siens ; j’ai vu ses accomplissements ; le Christ a dit encore à Ses Amis
qu’Il demeurerait avec eux jusqu’à la fin ; j’ai vu cette présence cachée. La
vie de mon Inconnu n’est qu’une suite de telles preuves. » »
Serge
Caillet illustre son propos de deux documents inédits : le carnet du Dr Gérard
Encausse et un journal anonyme de comptes rendus de séances de guérisons et
d’enseignements. Gérard Encausse, Papus, a relevé et classé des propos de
Philippe dans un répertoire conservé aujourd’hui à la Bibliothèque Municipale
de Lyon. Certains de ces propos, énigmatiques, sont particulièrement
intéressants :
« Les
disciplines qui tendent vers l’inertie, seront enfermés après le jugement, dans
leur idéal pour 1500 ans. »
« Parler
trop tôt ou enseigner à un être des vérités prématurées, c’est l’étioler, lui
faire du mal, l’étioler de l’autre côté, ce qui est plus grave que de ce
côté-ci. Car c’est de l’autre côté qu’on acquiert vraiment la lumière. Ici nous
n’avons qu’à faire des efforts pour nous améliorer le coeur. Le reste nous sera
donné. »
On
trouve souvent dans les propos de Philippe une fausse naïveté qui peut
surprendre, déranger parfois. Philippe a exprimé sa sagesse certaine avec la
simplicité d’un homme de la terre, simplicité qui nous est largement étrangère.
La plus grande partie de son enseignement fut comportementale, c’est pourquoi
il est si difficile à l’historien de nous faire comprendre toute la profondeur
de l’homme.
Ce
livre comblera tous ceux qui se sentent proches du Maître Philippe. Il
intéressera tous les martinistes soucieux de mieux connaître l’une des
influences majeures qui s’exerça sur le mouvement initiatique auquel ils sont
rattachés.
Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin,
75005 Paris, France.