Le Nombre créateur de
Julien Behaeghel, MdV Editeur.
Julien Behaeghel nous fait plonger au cœur du
symbolisme, à travers l’étude des nombres, le Dieu un, l’eau double, la divine
triade, le carré « terre », l’homme-étoile, l’androgyne divin, le
septénaire triomphant, le trône octogonal…
Se faisant, il introduit le lecteur dans un
rapport opératif au symbole, rapport rarement saisi aujourd’hui :
« Le symbole est l’empreinte du Créateur
et à ce titre le symbole est créateur.
C’est pourquoi son importance est considérable pour ceux qui désirent connaître l’invisible (dans le sens de
naître avec) ou le Grand Tout. Cette connaissance est en fait une communion ou
mieux une eucharistie qui opère notre transsubstantiation. Il faut, comme les
chrétiens, manger le symbole pour le devenir, c’est-à-dire le comprendre. »
Devenir symbole, l’intégrer totalement à notre
vécu, le manifester consciemment, autant de manières de dire ce rapport
opératif qui permet d’agir spirituellement et d’atteindre les dimensions
métaphysiques ou imaginales du réel.
« Les symboles nous montrent la voie
vers le retour à l’unité, vers le Dieu Un, dans et par le mariage des
contraires, l’eau et le feu alchimiques, les deux triangles du sceau de
Salomon, les Ténèbres et la Lumière à l’intersection de tous les temps. Ils
nous permettent de reconstruire le monde d’avant-le-monde, de construire notre
temple en devenant les quatre éléments que symbolise le dragon alchimique :
l’Air de l’aile, le Feu de la flamme, l’Eau du poisson et la Terre du serpent. »
Il y a une très grande cohérence dans l’exposé
réalisé par Julien Behaeghel. Les symboles, ressources inépuisables offrant une
infinité d’interprétations emboitées dans la verticalité, dessinent les chemins
initiatiques, indiquent les voies d’éveil, les constituent, les créent d’une
certaine manière.
« L’essentiel, nous dit-il, est le voyage par et dans le symbole. Manger l’étoile
nous fera voir la lumière, celle qui
brille au fond du cœur, celle qui illumine et frappe l’œil pour lui révéler les
merveilles indicibles de l’invisible.
C’est dans ce sens que le symbole est
réellement créateur. Il détruit l’ancien
monde pour recréer le nouveau en rassemblant
les morceaux épars de l’unité éparpillée dans la multiplicité. Le symbole
rassemble pour refaire l’unité ; l’unité première sans laquelle nous ne pouvons
pas réintégrer la légèreté de l’Eden,
retrouver la nudité de l’homme qui ne connaît pas la peur. La peur essentielle
qui noue les tripes, qui paralyse l’être
abusé par les mirages de l’illusion terrestre et matérialiste. »
Revenir au centre, se rappeler soi-même, s’extraire
de l’accident qu’est le monde, il s’agit bien, par le symbole du retour à la
conscience originelle et ultime mais Julien Behaeghel insiste sur la nature
alogique du symbole qui lui permet de réunir au lieu de diviser, sur le
caractère spiralaire du voyage initiatique vers le centre, sur l’imprévisibilité
de la voie qui est aussi liberté. Que cela soit en étudiant la rose crucifiée
ou la mandorle, Julien Behaeghel prend garde de ne pas figer le symbole dans
une interprétation arrêtée. Il laisse vivre les paradoxes pour en préserver le
caractère dynamique et opératif.
« Le symbole créateur nous permet de
reconstruire le Ciel et la Terre, à l’exemple du moine tibétain qui, jour après
jour, continue la genèse en dessinant son mandala.
Nous savons que le carré est obligatoire, que
le manifesté commence par quatre, mais nous savons aussi qu’il nous est possible
de sortir du carré, par la croix… c’est notre liberté. »
La séquence nombre-forme-temps, clé de la manifestation,
dessine par renversement un chemin de retour à l’Un, à la Lumière et à la Beauté.
MdV
Editeur, 16 bd Saint-Germain, 75005 Paris, France.