F.-Ch. Barlet. Fragments d’une histoire secrète par Gilles Bucherie. Editions Alcor, 1 rue de Ramatuelle, 13007 Marseille.
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L’Ordre Martiniste, actuellement sous la grande-maîtrise avisée d’André Gautier, détient un ensemble d’enseignements manuscrits rédigés par F.-Ch. Barlet, de son vrai nom Albert Faucheux (1838-1921), compagnon de route de Papus. Cet enseignement, qui témoigne d’une maîtrise de ce que l’on désignait à son époque par sciences occultes, mérite une édition intégrale que nous appelons de nos vœux.
L’Ordre Martiniste a confié à Gilles Bucherie, déjà bon connaisseur de ce personnage énigmatique et complexe, la tâche, sans doute immense, de mettre en valeur ce que l’on désigne désormais par « Fonds Barlet ». Ce livre est une première introduction à une œuvre d’importance.
« Ce fonds, nous dit Gilles Bucherie, comporte de nombreux documents dont les contenus permettent, non seulement, une meilleure analyse de l’importance de l’œuvre de F.-Ch. Barlet, mais aussi du Mouvement occultiste et de ses prolongements dans ce qu’ils ont parfois de déterminant quant à un renouveau de l’hermétisme. »
Charles Barlet s’intéressa au spiritisme, fut proche de la Société Théosophique et membre de l’Hermetic Brotherood of Luxor, H.B. of L., organisation qui eut un rayonnement certain dans le monde initiatique, étant elle-même à la croisée de plusieurs influences.
Gilles Bucherie cherche à inscrire l’œuvre de Barlet dans les contextes historique, culturel et initiatique de l’époque. La pensée originale de Barlet se développe dans le temps spiralaire de l’aïon selon une méthode qui reste à expliciter. A son époque, plusieurs auteurs traditionnels proposent des typologies des cycles, cependant le modèle de Barlet reste singulier, sans doute hérité pour ce qui est du matériau de base de l’H.B. of L. mais aussi des travaux de Saint Yves d’Alveydre auquel Barlet consacra un livre publié chez Durville en 1910.
Par ses multiples dessins et figures, Barlet ouvre une approche visuelle d’un modèle cosmologique ; dans un deuxième temps, il nous conduit à celle d’une compréhension visionnaire de l’humanité future. Une humanité non plus collective, composée d’hommes individuels, mais une humanité synthétisée par les nombres. Il y a un sens ontologique des nombres. Barlet fait allusion à plusieurs reprises, de manière discrète, à une méthode d’astrologie onomantique fondée sur les nombres, correspondant, non seulement aux cycles de la vie universelle, mais aussi aux cycles de la vie individuelle et opérant par affinités avec les formes et fonctions constitutives de la société. »
Nous comprenons aisément dès lors pourquoi ces travaux intéressaient, et intéressent encore, les membres de l’Ordre Martiniste et des organisations initiatiques qui lui étaient affiliées ou simplement proches.
Ce premier livre introductif suscite chez le lecteur le désir d’en connaître davantage et d’étudier le corpus annoncé qui synthétise plusieurs approches traditionnelles portées par les principaux courants initiatiques de l’époque, certains connus, d’autres encore à identifier. De nombreux documents en fac-similé soutiennent le propos de Gilles Bucherie qui bénéficie, dans cette belle édition, du savoir-faire des Editions Alcor.