lundi 19 novembre 2018

Actes du Colloque Papus


Actes du Colloque Papus. Colloque organisé par l’Ordre Martiniste à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Dr Gérard Encausse, dit Papus.
Editions de La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau, 13400 Aubagne.

Le 22 octobre 2016 se déroula ce colloque pour le centenaire de la mort de Papus en 1916. Papus fut l’une des figures marquantes de la scène initiatique de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Son influence, multiple et considérable, perdure. Cependant, si le personnage est familier, il reste mal connu. Fondateur de l’Ordre Martiniste (1887-1891), il participa à de nombreux projets ésotériques dont celui de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix avec Stanislas de Guaita, du Rite swendenborgien, du Rite de Memphis-Misraïm, de l’Eglise gnostique pour ne citer que les principaux. Il fut, avec ses amis des Compagnons de la Hiérophanie, l’un des principaux animateurs de la scène ésotérique française et européenne. Il fut également un grand vulgarisateur, sans que le terme ne soit péjoratif, et fonda deux revues phares de l’époque, L’Initiation et le Voile d’Isis.




Les contributions de Serge Caillet, Roger Dachez, Antoine Faivre, Jean-Pierre Laurent, Michelle Nahon et Jean-Marc Vivenza permettent d’approcher la complexité du personnage comme de l’œuvre.

Serge Caillet revient sur la relation privilégiée entre Papus et Maître Philippe. Leur rencontre se situerait en 1893 ou 1894. Elle bouleversa Papus et donna sans doute une orientation nouvelle à l’Ordre Martiniste, que nous appelons encore la voie cardiaque.

Jean-Pierre Laurent dresse un portrait contextualisé du Papus militant qui incarne à lui seul l’occultisme de la Belle Epoque et son rayonnement.
« Papus, nous dit-il a prolongé le rêve romantique de réconcilier la science et la religion  dans sa lutte antimatérialiste en utilisant les matériaux disponibles à l’époque ou hérités de la science catholique. Son travail de vulgarisation a été gigantesque, plus de cent livres et brochures (…) opposant « la science contemporaine » qui étudie les phénomènes physiques à l’occulte qui par l’analogie s’efforce de s’élever vers l’invisible… »
Papus rassembla autour de lui mais fut aussi clivant et rejeté. Il fallut attendre Robert Amadou pour assister à une forme de réhabilitation qui demeure incomplète.

Jean-Marc Vivenza s’intéresse à la communauté formée par Papus et ses compagnons. Il s’intéresse à des personnalités moins citées que les habituels Marc Haven, Sédir, Guaita et autres mais aussi aux intimes et aux femmes qui comptèrent dans sa vie.

Michelle Nahon traite de Papus, biographe de Martinès de Pasqually tandis qu’Antoine Faivre analyse la place de Louis-Claude de Saint-Martin dans l’œuvre de Papus.

Roger Dachez, en connaisseur, s’intéresse au médecin Papus et à ses méthodes qui, aujourd’hui, peuvent nous sembler fort curieuses. Il restitue le milieu médical de cette période de mutations :
« Dans cette brève évocation, conclut-il, nous souhaitions simplement suggérer que Papus médecin, comme Papus mage ou Papus historien, si déconcertant qu’il puisse parfois nous paraître, fut un homme de son temps. Passionné, mais brouillon, éperdument soucieux de comprendre sans toujours disposer des instruments intellectuels les mieux adaptés, jusque dans sa marginalité, Papus fut le témoin d’une époque et d’un basculement de la pensée. L’ignorance de ce contexte a souvent produit de lui une image en grande partie fausse. »

L’ensemble des contributions permet de résoudre en partie l’ « énigme » Papus. Surtout, les approches, plutôt dimensionnelles, du personnage, substituent des réalités complexes aux raccourcis et préjugés courants véhiculés par la « petite histoire de l’occultisme ».
Ce livre marque ainsi une nouvelle étape des études papusiennes.

Ajoutons, qu’en marge de ce colloque anniversaire, Emilio Lorenzo a transmis la Grande Maîtrise de l’Ordre Martiniste à André Gautier qui, depuis, en assure le renouveau.