Actes
du Colloque Papus. Colloque organisé par l’Ordre Martiniste à
l’occasion du centième anniversaire de la mort de Dr Gérard Encausse, dit
Papus.
Editions de La Tarente, Mas Irisia,
Chemin des Ravau, 13400 Aubagne.
Le 22 octobre 2016 se déroula ce colloque pour le
centenaire de la mort de Papus en 1916. Papus fut l’une des figures marquantes
de la scène initiatique de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle.
Son influence, multiple et considérable, perdure. Cependant, si le personnage
est familier, il reste mal connu. Fondateur de l’Ordre Martiniste (1887-1891),
il participa à de nombreux projets ésotériques dont celui de l’Ordre
Kabbalistique de la Rose-Croix avec Stanislas de Guaita, du Rite
swendenborgien, du Rite de Memphis-Misraïm, de l’Eglise gnostique pour ne citer
que les principaux. Il fut, avec ses amis des Compagnons de la Hiérophanie,
l’un des principaux animateurs de la scène ésotérique française et européenne.
Il fut également un grand vulgarisateur, sans que le terme ne soit péjoratif,
et fonda deux revues phares de l’époque, L’Initiation
et le Voile d’Isis.
Les contributions de Serge Caillet, Roger Dachez,
Antoine Faivre, Jean-Pierre Laurent, Michelle Nahon et Jean-Marc Vivenza
permettent d’approcher la complexité du personnage comme de l’œuvre.
Serge Caillet revient sur la relation privilégiée
entre Papus et Maître Philippe. Leur rencontre se situerait en 1893 ou 1894.
Elle bouleversa Papus et donna sans doute une orientation nouvelle à l’Ordre
Martiniste, que nous appelons encore la voie cardiaque.
Jean-Pierre Laurent dresse un portrait contextualisé du
Papus militant qui incarne à lui seul l’occultisme de la Belle Epoque et son
rayonnement.
« Papus, nous dit-il a prolongé le rêve romantique
de réconcilier la science et la religion dans sa lutte antimatérialiste en utilisant
les matériaux disponibles à l’époque ou hérités de la science catholique. Son
travail de vulgarisation a été gigantesque, plus de cent livres et brochures (…)
opposant « la science contemporaine » qui étudie les phénomènes physiques
à l’occulte qui par l’analogie s’efforce de s’élever vers l’invisible… »
Papus rassembla autour de lui mais fut aussi clivant
et rejeté. Il fallut attendre Robert Amadou pour assister à une forme de
réhabilitation qui demeure incomplète.
Jean-Marc Vivenza s’intéresse à la communauté formée
par Papus et ses compagnons. Il s’intéresse à des personnalités moins citées
que les habituels Marc Haven, Sédir, Guaita et autres mais aussi aux intimes et
aux femmes qui comptèrent dans sa vie.
Michelle Nahon traite de Papus, biographe de Martinès
de Pasqually tandis qu’Antoine Faivre analyse la place de Louis-Claude de
Saint-Martin dans l’œuvre de Papus.
Roger Dachez, en connaisseur, s’intéresse au médecin
Papus et à ses méthodes qui, aujourd’hui, peuvent nous sembler fort curieuses.
Il restitue le milieu médical de cette période de mutations :
« Dans cette brève évocation, conclut-il, nous
souhaitions simplement suggérer que Papus médecin, comme Papus mage ou Papus
historien, si déconcertant qu’il puisse parfois nous paraître, fut un homme de
son temps. Passionné, mais brouillon, éperdument soucieux de comprendre sans
toujours disposer des instruments intellectuels les mieux adaptés, jusque dans
sa marginalité, Papus fut le témoin d’une époque et d’un basculement de la
pensée. L’ignorance de ce contexte a souvent produit de lui une image en grande
partie fausse. »
L’ensemble des contributions permet de résoudre en
partie l’ « énigme » Papus. Surtout, les approches, plutôt
dimensionnelles, du personnage, substituent des réalités complexes aux
raccourcis et préjugés courants véhiculés par la « petite histoire de l’occultisme ».
Ce livre marque ainsi une nouvelle étape des études
papusiennes.
Ajoutons, qu’en marge de ce colloque anniversaire,
Emilio Lorenzo a transmis la Grande Maîtrise de l’Ordre Martiniste à André
Gautier qui, depuis, en assure le renouveau.