La
réhabilitation de l’Homme-Esprit de Sagi Nahor. www.lulu.com
Le
martinisme, ce « fleuron de l’illuminisme français » comme
aimait à le rappeler Robert Amadou, fruit surprenant des œuvres communes et
distinctes de Martinès de Pasqually, fondateur de l’Ordre des Chevaliers Maçons
Elus Coëns de l’Univers, Jean-Baptiste Willermoz, génie du Régime Ecossais
Rectifié et Louis-Claude de Saint-Martin, le théosophe par excellence, recouvre
un vaste ensemble doctrinal, sujet d’étude tant dans les cercles martinistes
qu’à l’université. Plusieurs générations de Compagnons de la Hiérophanie,
auront permis, depuis Papus, à travers leurs explorations, parfois maladroites,
de ce courant, que vive et se déploie ce qu’il convient de reconnaitre comme
une école initiatique majeure capable de s’adapter aux contextes les plus
divers et à échapper tant à l’historicisme qu’aux multiples réductionnismes qui
figent le vivant.
Les
trois personnalités qui se trouvent à l’origine de ce mouvement seraient
surpris des prolongements imprévisibles de leurs œuvres et entreprises
respectives jusqu’à ce début de millénaire et du nombre d’héritiers qui,
aujourd’hui, se réfèrent à ce qu’ils ont laissé en dépôt, plus ou moins
consciemment, pour les générations futures. Si certains de ces héritiers se
consacrent à la préservation nécessaire des formes, d’autres cherchent à
dépouiller, approfondir, libérer des contingences et des conditionnements d’une
époque, afin de maintenir libre et vivant ce que la dualité tend toujours à
éteindre. Sagi Nahor appartient à cette génération de chercheurs qui cherchent
à clarifier la doctrine par le renforcement des praxis.
Après
deux autres ouvrages fort utiles aux enfants de Sophia, La Rituélie martiniste (2012) puis La Sophia du Désir ( ), ce troisième volet aborde très nettement le
procès initiatique qui conduit de la dualité à la non-dualité, du multiple à
l’Unité hors de toutes les représentations et les médiations qui caractérisent
les voies gradualistes. Il s’agit dans ces pages d’approcher directement les
mouvements inqualifiables au sein de la Conscience. Sagi Nahor évoque
l’interne, et seulement l’interne sans tomber dans l’opposition factice et
stérile entre externe et interne. L’interne dont il est question, très
saint-martinien, est l’interne de l’interne, ce qui fonde, génère et inclut
tout à la fois la totalité de ce qui est.
Sagi
Nahor explore sur le mode externe et sur le mode interne, le jeu de miroirs que
propose le modèle métaphysique de la réintégration en replaçant au cœur de la
démarche la question, essentielle, de la conscience, de la conscience accrue,
de la conscience totale, accessible par l’apatheia, autant de temples qu’il
convient d’édifier pour restituer au culte originel sa dimension opérative. Il
ouvre ainsi à la nécessité du rappel de soi, au songe, à la présence enfin,
restituant à la prière sa fonction intégrative et inclusive.