mercredi 18 octobre 2017

La réhabilitation de l'Homme-Esprit de Sagi Nahor



La réhabilitation de l’Homme-Esprit de Sagi Nahor. www.lulu.com
Le martinisme, ce « fleuron de l’illuminisme français »  comme aimait à le rappeler Robert Amadou, fruit surprenant des œuvres communes et distinctes de Martinès de Pasqually, fondateur de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, Jean-Baptiste Willermoz, génie du Régime Ecossais Rectifié et Louis-Claude de Saint-Martin, le théosophe par excellence, recouvre un vaste ensemble doctrinal, sujet d’étude tant dans les cercles martinistes qu’à l’université. Plusieurs générations de Compagnons de la Hiérophanie, auront permis, depuis Papus, à travers leurs explorations, parfois maladroites, de ce courant, que vive et se déploie ce qu’il convient de reconnaitre comme une école initiatique majeure capable de s’adapter aux contextes les plus divers et à échapper tant à l’historicisme qu’aux multiples réductionnismes qui figent le vivant.



Les trois personnalités qui se trouvent à l’origine de ce mouvement seraient surpris des prolongements imprévisibles de leurs œuvres et entreprises respectives jusqu’à ce début de millénaire et du nombre d’héritiers qui, aujourd’hui, se réfèrent à ce qu’ils ont laissé en dépôt, plus ou moins consciemment, pour les générations futures. Si certains de ces héritiers se consacrent à la préservation nécessaire des formes, d’autres cherchent à dépouiller, approfondir, libérer des contingences et des conditionnements d’une époque, afin de maintenir libre et vivant ce que la dualité tend toujours à éteindre. Sagi Nahor appartient à cette génération de chercheurs qui cherchent à clarifier la doctrine par le renforcement des praxis.
Après deux autres ouvrages fort utiles aux enfants de Sophia, La Rituélie martiniste (2012) puis La Sophia du Désir ( ), ce troisième volet aborde très nettement le procès initiatique qui conduit de la dualité à la non-dualité, du multiple à l’Unité hors de toutes les représentations et les médiations qui caractérisent les voies gradualistes. Il s’agit dans ces pages d’approcher directement les mouvements inqualifiables au sein de la Conscience. Sagi Nahor évoque l’interne, et seulement l’interne sans tomber dans l’opposition factice et stérile entre externe et interne. L’interne dont il est question, très saint-martinien, est l’interne de l’interne, ce qui fonde, génère et inclut tout à la fois la totalité de ce qui est.
Sagi Nahor explore sur le mode externe et sur le mode interne, le jeu de miroirs que propose le modèle métaphysique de la réintégration en replaçant au cœur de la démarche la question, essentielle, de la conscience, de la conscience accrue, de la conscience totale, accessible par l’apatheia, autant de temples qu’il convient d’édifier pour restituer au culte originel sa dimension opérative. Il ouvre ainsi à la nécessité du rappel de soi, au songe, à la présence enfin, restituant à la prière sa fonction intégrative et inclusive.