La naissance de la Province d’Auvergne du Régime Rectifié d’après la
correspondance de Jean-Baptiste Willermoz (1772 – 1775) par Loïc Montanella,
Editions de la Tarente.
Cet ouvrage reprend le
mémoire de master 2 de Loïc Montanella sur la naissance de la Province d’Auvergne
du Régime Ecossais Rectifié, travail pour lequel il reçut le prix de l’IDERM,
Institut d’Etudes et de Recherches Maçonniques.
La matière analysée est
la correspondance entre Jean-Baptiste Willermoz et le baron Georg August Von
Weiler entre 1772 et 1175, correspondance très riche, fruit d’une collaboration
intense qui devait aboutir à l’émergence du RER.
Loïc Montanella fait
appel à Jurgen Habermas et à sa théorie de la sphère publique bourgeoise pour
traiter de la question de la construction du Régime Ecossais Rectifié :
« Le prolifique
chercheur allemand, nous dit Loïc Montanella, s’était lancé dans une analyse de
ce processus singulier au cours duquel le public, constitué par une somme d’individus
faisant usage de la raison, s’est approprié un espace public, une sphère
auparavant contrôlée par une autorité (étatique, royale ou religieuse) ou un
modèle faisant autorité, comme celui de la société de cour. Espace que l’on
pourrait parfaitement définir comme un territoire qui acquiert progressivement
une certaine forme d’autonomie. Territoire au sein duquel se tissent des liens,
émergent et se constituent des réseaux, apparaissent des formes nouvelles de
sociabilité, se nouent des relations (notamment épistolaires) naissent des
discussions, devient en d’autres termes, un espace polarisé de communications. »
Cette approche
sociologique renouvèle les méthodologies de la maçonnologie contemporaine et
ouvre de nouvelles perspectives, un autre rapport aux sources et l’usage de nouveaux
outils. Ainsi par exemple, ce que nous appelons désormais les « ego
documents », « les écrits du soi, les correspondances, les récits de
voyage, les journaux intimes ou les Mémoires » sont « interrogées
selon des modalités différentes ».
« La loge maçonnique
d’un côté, l’univers urbain de l’autre, deviennent ainsi des observatoires
privilégiés pour l’historien des réseaux et des lieux de sociabilité d’Ancien Régime.
De quelle manière, la Franc-maçonnerie en particulier, marque l’espace public
et l’espace privé (transformation de la sociabilité des salons en sociabilité
de loges) ou, construit cet espace par ce jeu des réseaux communicationnels ? »
Cette approche redonne
vie à ce qui est souvent desséché par la critique historique classique. La vie
des loges, des rites et des ordres s’inscrit totalement dans l’expérience
humaine et dans des mutabilités sociétales, subies ou co-créées.
Si le RER comme objet d’études
historiques a donné de beaux travaux, cette approche qui laisse davantage de
place aux acteurs eux-mêmes dans leur complexité, en premier Jean-Baptiste
Willermoz, permet de mieux comprendre l’influence du jeu, subtil ou grossier,
des relations humaines, individuelles, groupales ou collectives, sur les procès
qui ont abouti, sur plusieurs années, à la constitution du Régime Ecossais
Rectifié.
Editions La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau,
13400 Aubagne.