Belle Rose de Renée de Brimont, Editions de la Tarente.
Mme de Brimont (1880 –
1943) publia Belle Rose en 1931 dans Les Cahiers Libres, une maison
d’édition consacrée tant aux avant-gardes, notamment surréalistes qu’aux
ésotérismes ou aux auteurs classiques. Cette maison participa pleinement, en
son temps, à l’alliance entre traditions et avant-gardes, une alliance dans
laquelle Belle Rose a toute sa place. Oublié, ce texte méritait une
belle réédition. C’est chose faite avec en appui du texte des études de Serge
Caillet, Michelle Nahon & Maurice Friot, et enfin Francis Laget, qui,
chacun en leurs domaines, replace l’œuvre de Renée de Brimont dans les
contextes historiques, culturels et initiatiques qui ont contribué à sa
naissance.
Renée de Brimont dépeint
le Bordeaux aristocratique, intellectuel et spiritualiste du XVIIIème
siècle dans lequel apparaissent deux personnages fondateurs du courant
martiniste en général, Martines de Pasqually et Louis-Claude de Saint-Martin.
Michelle Nahon et Maurice
Friot introduisent le lecteur auprès d’une grande dame, femme du monde, mais
aussi artiste, musicienne, peintre, auteur et militante féministe. En 1926,
elle créa une association de femmes bibliophiles, Les Cent Une, qui eut
une certaine influence. Elle étudia l’astrologie et le spiritisme, s’intéressa
à l’alchimie et croisa entre autres la route de James Chauvet, Eugène Canseliet
et surtout O. V. de Lubicz Milosz, qu’elle fascina et qui en fit sa muse, toute
spirituelle.
« On sait, nous dit
Francis Laget, que c’est elle que Milosz appelait « Renaissance »,
dans la dédicace de ses poèmes et de ses textes métaphysiques les plus
importants et que son rôle auprès du poète a pu être comparé à celui de
Béatrice auprès de Dante ! Leur intimité de recherches et de pensée peut être
déduite et confirmée par le soin apporté, par chacun des deux à occulter la
nature de leurs échanges spirituels : ils sont parvenus à faire disparaître
la quasi-totalité de leur correspondance ! »
C’est probablement par
Milosz que Renée de Brimont s’intéressa à Martines de Pasqually et à
Louis-Claude de Saint-Martin mais l’histoire de sa famille n’est pas sans lien
avec ces deux figures. Son témoignage est donc aussi rare que précieux.
Renée de Brimont, conclut
Serge Caillet, la baronne amazone, la « Renaissance » « saintement
aimée » de Milosz, l’amie de Saint-Martin et de Martines de Pasqually,
communiant dans l’Occulte avec l’un comme avec les autres, nous offre une
esquisse, presque un portrait, historique et philosophique, du Philosophe
inconnu et de son premier maître. Esquisse authentique, quoique réinventée ;
esquisse fidèle, par conséquent, par une femme de Lettres qui n’en fut pas
moins une femme d’Esprit. »
Indépendamment de l’intérêt
historique de cette réédition bienvenue, l’écriture, très juste et fluide, de
Renée de Brimont, qui donne vie et force aux personnages et aux ambiances,
emportera le lecteur dans ce Bordeaux des mystères qui se laisse découvrir peu
à peu.
Editions La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau,
13400 Aubagne.