La Chevalerie amoureuse.
Troubadours, Félibres et Rose-Croix de Pierre Dujols de Valois. Editions Le
Mercure Dauphinois.
Voici une réédition très attendue. Ce livre, publié en 1991 par la
Table d’Emeraude, était devenu aussi recherché qu’introuvable. Le texte de
Pierre Dujols traite de la Chevalerie amoureuse (ou errante) selon l’hermétisme,
du mouvement des Félibres qui voulut « rendre à la Provence son ancienne
splendeur, en particulier par un renouveau créatif de la langue et la
littérature d’Oc », et d’une philosophie ou d’une métaphysique du brouillard.
Dans son introduction, Jean-François Gibert avertit le lecteur sur
les modalités de l’écriture de Pierre Dujols :
« Analogiquement aux écrits hermétiques, le manuscrit de
Dujols comporte plusieurs niveaux d’accès. La règle est générale de ce procédé
dans la littérature ésotérique de qualité. L’auteur y utilise une formulation
cabalistique qui n’a rien à voir, disons-le en passant, avec la kabbalah judaïque.
Celle-ci, issue d’un monde fermé sur lui-même, utilise des procédés très
spécifiques et qui valent uniquement pour la sphère restreinte de l’hébraïsme.
Au contraire, la vision de Dujols emprunte la voie grecque ouverte à la liberté
et l’universalité. »
Il parle d’une antique révélation toujours accessible par une
herméneutique qui, de la Perse, de la Chaldée, de l’Egypte au monde alexandrin
et de l’hermétisme au monde médiéval, véhiculait les idées forces de la
tradition primordiale. »
Pierre Dujols manie brillamment la langue des oiseaux. Il dit sans
dire tout en disant. Au lecteur de lire sans lire tout en lisant. C’est que l’enjeu
est de taille comme le rappelle Jean-François Gibert. Si nous sommes, formellement,
à la croisée du templarisme, du catharisme, de l’ismaélisme et de quelques
autres prétendues hérésies, il ne s’agit là que des indices d’une connaissance aformelle.
« Dujols est gnostique. Il a évité, cependant, d’être par
trop polémique. Il eut été pourtant en droit, dans ce texte, de s’interroger
sur les origines de la répression qui frappa jadis ses prédécesseurs spirituels ;
de démontrer, à partir de son extraordinaire culture, que le jeune initié
égyptien Isa, fils de Mariam, plus connu sous le nom de Jésus, fut revêtu par des
sectaires de tous les attributs d’Attis, de Dionysos, d’Hermès, etc., chose qu’il
ne demandait pas ; que le Christ qu’il devint fut, peut-être, crucifié parce
qu’il déçut une bande de fanatiques et de zélotes attendant un roi-messie qui
leur donnerait le pouvoir dans le monde ; que son message, enfin, fut
déformé par le rabbin de Tarse et par trois rédactions évangéliques qui judaïsèrent
celui qui venait pour couronner le savoir et la sagesse antique, et poser les
bases de cette chevalerie dont notre auteur nous montre qu’elle a traversé le
temps et les persécutions des usurpateurs. »
La lecture du manuscrit de Pierre Dujols est aidée des
commentaires de Jean-François Gibert, qui dans un pas à pas à la fois
méta-historique et méta-linguistique, poétique et hermétiste aussi, introduit à
une mystérique de la langue sacrée que maîtrisait parfaitement Pierre Dujols,
ou, plus exactement d’un rapport sacré et secret entretenu avec la nature
créatrice de « la langue double ». Le texte de Dujols intéresse aussi
bien au laboratoire que dans une dimension interne tant la langue, rendue
consciente, véhicule la grammaire qui édifie les mondes en l’instant-même.
Editions Le Mercure Dauphinois, 4 rue de
Paris, 38000 Grenoble, France.