La Clé d’or et autres écrits maçonniques
de Jean-Marc Vivenza, Editions de l’Astronome.
L’édition
de ce petit livre qui tient dans la poche et qui peut ainsi nous accompagner au
jour le jour est l’occasion de s’éloigner des polémiques stériles des derniers
mois qui secouent les différentes composantes du Régime Ecossais Rectifié, dont
l’auteur est un acteur incontournable.
Cet
ouvrage propose un ensemble de textes réunis par l’auteur comme un parcours
initiatique aléatoire au sein du courant illuministe. Ces travaux sont avant
tout pour le lecteur une source de questionnement et d’approfondissement de son
rapport au divin en tant qu’homme de désir, de sa queste de la « Clé d’or
de l’esprit ».
Dans
son introduction, Jean-Marc Vivenza insiste sur la nécessité du silence,
préalable à l’initiation et permanence de l’initiation :
«
Ne l’oublions pas, avant que de nous immerger dans ces pages, le silence
transcende comme la nuit toute image, il est le prélude à tout
commencement et à tout aboutissement de l’œuvre, de même que l’oiseau qui prend
son souffle et régénère sa vie avant le lever du soleil en est le symbole, il
borne le chemin de la remontée à l’évidence, il est recueillement et attention,
attente et écoute approfondie ; se donnant comme une
« Présence », il est à la fois la source première et terre natale par
excellence de la pensée essentielle, le fond originel d’où elle provient, nous
donnant de comprendre pourquoi faut-il, pour qu’il puisse éclore en son
retrait, que se déchire le voile qui le dérobe habituellement à notre
conscience préoccupée par le monde. »
Et
de citer Louis-Claude de Saint-Martin :
« Ce n’est que dans le calme de
notre matière que notre pensée se plaît ; ce n’est que dans le calme de
l’élémentaire que le supérieur agit. Ce n’est que dans le calme de notre pensée
que notre cœur fait de véritables progrès ; ce n’est que dans le calme du
supérieur que le divin se manifeste. »
Cette
hiérarchie ascendante du calme, qui évoque une théophanie du Silence, est une
indication précieuse de l’axialité dont nous ne saurions nous éloigner sans
tomber dans le bruit dont Saint-Martin tenait à se garder.
L’interrogation
ontologique des apparences, de l’Apparaître-même, est au coeur du propos
développé par l’auteur. A partir de la question fondatrice que se pose l’être
humain confronté à sa relativité, l’incertitude quant à son existence, la
réalité de celle-ci, son sens éventuel, Jean-Marc Vivenza explore les
possibilités qui s’offrent à nous pour accéder à une libération dont nous avons
soif, peut-être par pressentiment, peut-être par une trop grande souffrance
devant « un abîme troublant non comblé et irrémédiablement ouvert ». L’interrogation comme voie initiatique – Le
cheminement spirituel – La nature des ténèbres – La « science de l’homme »
par excellence – Voyez-vous tels que vous êtes – Misère de l’homme au monde – « Memento
mori » - L’enseignement de la vertu – Faites place à « l’esprit »
- La Clé d’or, titres des textes rassemblés, constituent une indication sur
cette exploration à laquelle le lecteur est invité, une exploration qui peut être
aussi entendue comme un « transport » :
« Revêtu
de l’essentiel, comme l’affirme le Philosophe inconnu, l’homme est transporté
dans le séjour de la lumière : « l’homme
né pour l’esprit, ne peut jouir de l’esprit qu’en commençant à se faire esprit ;
à cette fin, lorsqu’il est prêt, la sagesse le transporte dans le séjour de la
lumière où il a pris son origine. »
Que
nous délivre comme enseignement cet extraordinaire « transport » ?
Tout
d’abord notre identité de nature avec l’esprit ; se faire esprit étant en
fait se rendre peu à peu capable d’esprit.
Mais
ce transport a pour vertu de nous révéler, également, un certain nombre de lois
métaphysiques, dont une que nous pourrions désigner comme étant centrale et qui
porte sur le sens profond de la vérité dans son déploiement. Ce transport d’une
nature tout à fait surprenante, débouche en réalité sur une clé, une « Clé d’or » capable d’ouvrir
la porte du mystère dissimulé depuis l’origine des choses, à savoir celui de
notre véritable nature, notre origine première, l’identité essentielle qui nous
fonde ontologiquement et en vérité, que nous avons à retrouver par la mise en œuvre
du processus de réintégration. »
Cette
clé, qui relève de « ce qui demeure », du non-temps, du non-duel, invite
à une métaphysique du cœur, du centre, de l’intime, du lieu de la « Présence ».
Ce
cheminement autour de la Clé d’or est enrichi de trois appendices, plus maçonniques
dans la forme : De l’Être à l’ « Être
Suprême »maçonnique – L’illuminisme et la Franc-maçonnerie – L’essence du
christianisme transcendant, et d’un bref mais utile glossaire.
Éditions de l'Astronome, L'Étoile D, 9 avenue du
général de Gaulle,74200 Thonon les bains, France.