Renaissance Traditionnelle n° 206, juillet-décembre 2023.
R.T. BP 161, 92113 Clichy cedex
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Dans une nouvelle formule, Renaissance Traditionnelle, inaugure un prometteur cahier central intitulé Cahiers de Saint-Martin, en hommage à la revue du même nom publié dans les années 70-80 par Robert Amadou et Antoine Faivre. La direction de ce supplément a été confié à Dominique Clairembault qui signe la presque totalité des articles proposés.
Il s’intéresse tout d’abord à Louis-Claude de Saint-Martin, traducteur de Jacob Boehme dont nous savons toute l’importance dans le cheminement de Saint-Martin vers l’interne. Dominique Clairembault rend compte dans le détail de l’aventure de ses traductions de Boehme en s’appuyant sur la riche correspondance de Saint-Martin avec Louis-Nicolas Kirchberger.
C’est par Rodolphe Saltzmann et Charlotte de Boecklin que Saint-Martin s’intéressa profondément à l’œuvre de Boehme. Dominique Clairembault restitue avec brio les étapes qui vont conduire Saint-Martin à s’investir pleinement dans l’œuvre de traduction, soulignant au passage le sens de la langue du Philosophe Inconnu. Les traductions sont considérées comme excellentes et certaines personnalités comme D.W.A. Schickedanz trouvait « plus commode de se servir à côté du texte original de la traduction française dont la langue est de la même pureté et beauté que les autres écrits de Saint-Martin. »
Remarquons toutefois à ce sujet qu’en ce qui concerne les passages de l’œuvre de Boehme consacrés à l’alchimie, ou de dimension alchimique, mieux vaut prendre l’original, seul à même de véhiculer le langage hermétique, d’autant que Saint-Martin ignorait l’alchimie.
Dominique Clairembault, dans un autre article, revient sur les quatre portraits bien connus de Saint-Martin au XVIIIe siècle et introduit ainsi l’article de Roger Dachez sur un éventuel portrait de Louis-Claude de Saint-Martin découvert fortuitement. Roger Dachez liste les arguments en faveur d’un portrait, d’ailleurs superbe, du Philosophe Inconnu. La comparaison avancée par Roger Dachez entre ledit portrait, de face, et celui de profil réalisé en 1795 au physionotrace, ne résiste pas à une observation même superficielle. D’autres arguments permettent au contraire de poser au moins l’hypothèse. A suivre peut-être.
Roger Dachez présente, toujours dans le cadre du Cahier, une Bibliographie du martinisme, publiée en 1939, par Gerard van Rijnberk (1875-1953) sous le pseudonyme de G. de Chateaurhin. Cette brochure, tout à fait intéressante, replacée ici dans son contexte historique, est proposée en fac-similé. Elle fut publiée par Derain-Raclet à Lyon en 400 exemplaires, ce qui pour l’époque et pour une simple bibliographie, est un nombre conséquent. « En effet, nous dit Roger Dachez, il rend compte, d’une part, de l’état des études martinistes avant la guerre, et d’autre part il nous renseigne sur les équivoques que suscitait encore le terme « martinisme ». Certaines d’entre elles, du reste, n’ont pas disparu. »