La Doctrine initiatique du Régime Ecossais Rectifié
Jean-Marc Vivenza
Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France – http://www.dervy-medicis.fr/
C’est dans un souci pédagogique que Jean-Marc Vivenza propose aux membres du Régime ou Rite Ecossais Rectifié et, plus largement, à tous ceux qui étudient la doctrine de la Réintégration de Martines de Pasqually, « dix leçons essentielles ».
Dès l’introduction, Jean-Marc Vivenza insiste sur un aspect essentiel du Rite Ecossais Rectifié, qui en fait aussi sa singularité au sein du monde maçonnique : c’est bien dès le grade d’Apprenti que les membres du RER sont concernés par la doctrine préservée dans le rite et non seulement dans l’ordre intérieur comme le croient la plupart des pratiquants de ce rite.
« Cette vision, nous dit-il, assez généralement partagée, explique l’incompréhension que beaucoup éprouvent lorsqu’ils découvrent, souvent tardivement, les fondements de l’enseignement ésotérique du Régime Rectifié, se demandant alors comment ils purent passer à côté de points doctrinaux importants, et surtout si essentiels à l’explication des rituels et des symboles pratiqués dans les loges et chapitres participant des structures willermoziennes, points sans lesquels rien de ce qui se déroule dans les circonférences rectifiées n’a réellement de sens, alors qu’en revanche, lorsque ces points sont éclairés, tout ce qui s’effectue, tout ce qui est mis en œuvre, même les gestes en apparence les plus anodins, reçoit une explication que l’on peut désigner comme étant « évidente ». »
Cette erreur, encore trop courante, est devenue aujourd’hui une faute tant les travaux sérieux, selon plusieurs auteurs et plusieurs regards, se sont multipliés ces dernières années pour prendre en compte la double matrice du rite, martinésienne (dépôt doctrinal de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coêns de l’Univers retravaillé par Jean-Baptiste Willermoz) et templariste (doctrine salomonienne en ses diverses expressions et rapports). Le regard porté par Jean-Marc Vivenza, très origéniste, vient encore renforcer ce mouvement d’approfondissement et d’épanouissement du rite. « Le Régime Ecossais Rectifié est indissociable de la doctrine ésotérique martinésienne » écrit justement Jean-Marc Vivenza, doctrine dont il note « la proximité avec les thèses d’Origène ».
Voici les dix leçons qui composent l’ouvrage : 1. Origine et source de la doctrine initiatique du Régime Écossais Rectifié – 2. L’émanation des âmes spirituelles avant le commencement des temps – 3. Émancipation et prévarication des esprits émanés – 4. La création du monde matériel imposée au Créateur par « nécessité » – 5. Dieu ordonna aux esprits fidèles de créer le monde matériel afin qu’il soit un lieu d’exil, de séparation et de punition pour les êtres coupables – 6. Émanation et émancipation d’Adam après la prévarication des esprits pervers – 7. Prévarication et transmutation d’Adam en une forme de matière impure et passive qui devint sa prison – 8. Réconciliation d’Adam après sa prévarication, institution de la religion primitive et constitution de la lignée sacerdotale des « élus de l’Éternel » – 9. Caïn et Abel et la division de la tradition en deux branches opposées, rejet par Willermoz de l’évocation rituelle à « Tubalcaïn » remplacé par « Phaleg », le conservateur du culte divin – 10. Noé fixe de nouvelles règles au culte divin, venue attendue en ce monde de matière ténébreuse du « Second Adam », le Divin Réparateur, « vrai-Homme » et « vrai-Dieu », réintégration finale qui verra l’anéantissement du composé matériel et le retour des êtres dans leurs premières propriété, vertu et puissance spirituelle.
Le regard origéniste posé sur la doctrine complexe de Martines de Pasqually permet, entre autres, d’en saisir la nature non-dualiste qui ne saute pas nécessairement aux yeux et à l’esprit. Il s’agit de renouer avec le christianisme primitif et de s’engager dans ce retour à la Source première désigné comme Réintégration par Martines de Pasqually. Les nombreux appendices rassemblés à la fin de l’ouvrage viennent clarifier un certain nombre de points obscurs et permettent de passer outre les difficultés du langage martinésien ou willermozien qui rebutent parfois l’étudiant.