Le Miroir
d’Isis n° 24,
décembre 2017.
Voici une très belle
livraison de la revue dirigée par Clément Rosereau, sans doute la meilleure
revue d’hermétisme de langue française.
Sommaire : La Magie d’Henri Corneille Agrippa par
Claude Froidebise – La robe du dimanche
de Dominique van de Werve – N’oublions
pas de sortir la nuit de Rodolphe d’Oultremont – Retour vers le sacré de Catherine Lavelaye – La mystérieuse voix de l’âme de Sully Faïk – Heureux le serviteur qui veille par Eléonore d’Hooghvorst – Théologie et Alchimie : le corps
spirituel de Raimon Arola – Les
petits enfants de Claude Froidebise – Sainte
Hélène de Claude Van Gallebaert – Le
Mercure dans tous ses états de Pauline de Merode – etc.
Parmi ces contributions très
riches voici un extrait d’une lettre de Louis Cattiaux à Elizabeth
d’Hooghvorst :
« Chère Amie, que
pensez-vous de cette pensée de Thomas Quincey ? « Nous pouvons
regarder la mort en face, mais sachant comme quelques-uns d’entre nous le
savent aujourd’hui ce qu’est la vie humaine, qui pourrait sans frissonner (en
supposant qu’il en fût averti) regarder en face l’heure de sa
naissance ? » En effet, sortir de ce monde n’est pas si terrible,
mais y entrer c’est effrayent ! Ce qui est désolant, c’est surtout d’y
venir en avance, c’est-à-dire en précurseur, car on a le sentiment de parler et
d’agir parmi les sourds et les aveugles, et il faut une grande foi pour
persévérer sans faiblir, car tout ce qu’on fait est comme enseveli dans les
ténèbres et paraît inutile et vain, même quand on prépare la voie du
Resplendissant qui vient. »
Sully Faïk nous introduit à
l’œuvre de Lilian Staveley, une mystique exceptionnelle, de notre temps, qui
demeure peu connue malgré la publication de trois ouvrages majeurs au Cerf.
Dans ces livres, elle restitue ses expériences visionnaires de l’âme. Ainsi à
propos de l’extase et de l’union mystique :
« « Les extases
inspirent et éveillent l’âme. » Mais il n’y a pas d’extase authentique,
tant que notre volonté est en mesure de mouvoir le corps. Dans l’extase, le
corps, qui demeure inerte, est inexplicablement déconnecté de la volonté. Bien
que contraint à l’inertie, il garde cependant conscience de soi et se sait
toujours en vie. S’il ne connaissait pas des moments de douleur, nous
l’oublierions totalement. Aucune extase n’est le fruit de la volonté :
celle-ci n’a aucune emprise sur elle. L’immensité de l’attraction divine est
telle que l’âme souhaite jaillir du corps dont elle donne l’impression
d’annuler la gravité. Alors nous connaissons Dieu à travers la partie
supérieure de l’âme. Il ne s’agit plus d’avoir la foi (« chose froide et
misérable ! »). « Je ne crois
plus en Jésus-Christ : je Le possède. » La pure, sainte et
incorruptible étincelle divine qui habite l’âme influe sur le cœur de l’homme,
sur son intelligence et sur sa volonté, c’est-à-dire sur l’ego de la créature
qu’elle visite. Lorsque Dieu prend l’âme de Son feu, l’esprit défaille et
meurt… »
La qualité des contributions
de cette revue d’Ecriture et Tradition comblera le lecteur.