La
messe. Clés opératives par Denis Labouré et Charles Webster Leadbeater,
Editions Spiritualité Occidentale.
Nous
ne pouvons que conseiller cet ouvrage à tous ceux qui veulent comprendre le
rite de la messe. Si ce rite existait antérieurement a christianisme dans
divers courants traditionnels, il a pris une dimension particulière depuis le
repas de la Pâque par lequel le rabbi Jésus de Nazareth lui a donné un nouveau
sens. Denis Labouré note qu’en 1500 ans, seuls 26 mots ont été modifiés ou
ajoutés au canon romain, le cœur de la messe, fait suffisamment remarquable
pour alerter sur l’importance de ce qui constitue une théurgie à part entière
destinée à élever jusqu’au Divin.
Après
avoir dit les errements de l’Eglise de Rome en 1969/1970 qui rompit avec la
tradition, Denis Labouré développe avec clarté le sens profond du rite, sa
fonction, son efficacité sur laquelle insistait, entre autres, l’abbé Julio, et
son ésotérisme. La compréhension de la « divine liturgie » exige l’étude
et l’expérience de la communauté, du sacrifice, du principe de substitution,
des clés opératives du rite. Approcher le sens de chaque geste et de chaque
parole permet de passer de la simple commémoration du dernier repas du Christ
au rite dans sa dimension supra-humaine.
« Comment
se réalise le saut chronologique qui nous fait passer, de l’instant où nous
nous trouvons, à cet instant primordial de l’événement originel ? Comment
à chaque messe, le sacrifice du Christ peut-il être efficace ? Et comment
rejoignons-nous sa personne dans l’acte de son sacrifice réalisé une fois, à un
moment précis de l’histoire ? (…)
Ainsi,
la messe a son prototype dans le sacrifice céleste de l’Agneau décrit par l’Apocalypse.
Il est vain d’objecter que cette façon de concevoir les choses n’est qu’une
projection de la liturgie terrestre, qu’on imagine se dérouler dans le ciel. C’est
l’inverse qui est vrai : la liturgie visible est la réfraction symbolique,
dans le plan sur lequel l’homme se meut pendant l’existence terrestre, de la
réalité invisible d’en-haut.
Les
différentes opérations divines et les différents événements se manifestent en
mode successif, temporel. Mais tout est déjà fait, tout est déjà arrivé de
toute éternité. Tout se passe comme si les événements, amassés en un seul
point, étaient ensuite déployés, projetés, sur un cercle à la circonférence
mobile, qui serait le temps. Dieu possède son Être et son existence dans l’insécable
présent, et tous ses actes sont posés simultanément. »
Célébration
d’une liturgie céleste, le rite de la messe en est son actualisation ici et
maintenant.
Dans
une seconde partie, Denis Labouré recourt à C.W. Leadbeater (1854 – 1934),
théosophe, auteur d’un remarquable ouvrage, La
science des sacrements qui rend compte du rite de la messe d’un point de
vue « énergétique ». Le regard apporté par Leadbeater, qui peut sembler
inhabituel, permet de mieux saisir l’opérativité de chaque moment du rite, que
cela soit la musique et le chant, l’encensement, l’offertoire, la consécration,
la réalité de la transsubstantiation, la communion, etc.
Ce
rite de déification du pain et du vin par le souffle divin, qui permet de
rompre avec la temporalité, et donc avec la génération, pour s’inscrire dans
une unique verticalité, vise à libérer de tout attachement pour rendre
réellement « vivant ».
Cet
ouvrage, précis et rigoureux, offre une approche opérative, technique, de la
messe et de la fonction eucharistique tout en préservant sa dimension
mystérique sans laquelle l’Esprit ne saurait « agir ».
Editions
Spiritualité Occidentale, 16 A rue Lingolsheim, 67540 Ostwald, France.