Joseph de Maistre. Prophète du christianisme transcendant, textes choisis et présentés par Jean-Marc Vivenza, Editions Signatura.
Joseph
de Maistre (1753 – 1821) est une figure de l’illuminisme trop souvent encore
ignorée. Avec cet ouvrage, Jean-Marc Vivenza introduit le lecteur à l’œuvre
riche et complexe de Joseph De Maistre.
Franc-maçon,
Joseph de Maistre fut membre du Régime Ecossais Rectifié de Jean-Baptiste
Willermoz jusqu’en 1792. La pensée de Joseph de Maistre se déploie à la croisée de diverses
influences, notamment Louis-Claude de Saint-Martin, Jacob Boehme, Swedenborg ou
Eckartshausen mais aussi Clément d’Alexandrie et Origène. De 1803 à 1811, il
est à Saint-Pétersbourg où il se mêle aux Francs-maçons russes dont le prince
Alexis Galitzine qui fait partie des « étudiants » de la doctrine de
Louis-Claude de Saint-Martin. Ayant dû fuir la Révolution française, il eut une
certaine aura dans les salons contre-révolutionnaires et demeure encore
aujourd’hui un auteur qui intéresse les milieux traditionnalistes
contre-révolutionnaires.
Connu
pour ses célèbres Soirées de
Saint-Pétersbourg, œuvre de fin de vie, son ouvrage principal, qui
synthétise une pensée très cohérente, reste le Traité sur les Principes.
La
sélection de textes opérée par Jean-Marc Vivenza emprunte beaucoup aux Soirées de Saint-Pétersbourg, pour
traiter des thèmes de l’illuminisme, du christianisme transcendant, de la
prière, du mal et de l’ordre divin. Mais, nous trouvons aussi dans ce recueil
d’autres textes comme Essai sur le
principe générateur des constitutions politiques, daté de 1809, qui aborde
notamment la question du dogme et de la foi. Du Pape, un texte de 1819, traite des fonctions papales,
temporelles ou intemporelles et de la place des Papes dans la construction
spirituelle de l’Europe.
Jean-Marc
Vivenza insiste sur un texte publié en 1810, en marge des Soirées, intitulé Eclaircissements
sur les sacrifices, qu’il considère comme « le cœur de la pensée
maistrienne, en tant qu’exposé fondamental et essentiel, sans doute le plus
abouti et le plus précis, de la doctrine anthropologique et théologique de
Maistre, doctrine fondée sur l’expiation, la délivrance du mal, l’innocent
payant pour le coupable, et la Rédemption par le sacrifice de la Divine
Victime. »
Distinguant,
comme Origène, la Rédemption générale de la rédemption particulière des
Martyrs, Joseph de Maistre en note le caractère universel, parfois maladroit
dans certaines formes traditionnelles du paganisme mais qui pointent finalement
toujours vers la possibilité d’une Réintégration. Il veut rendre vivant le
mystère en redonnant au dogme sa fonction, celle-ci n’étant jamais
« raisonnable » puisque relevant d’un autre ordre, divin, le dogme se
faisant écho d’une transcendance.