Notre Ami,
notre Frère Jean-Louis Larroque, nous a quittés pour l’Île des Immortels le 1er
avril 2014, premier jour du mois consacré à Cybèle, et jour particulier
consacré dans l’Antiquité grecque à Thésée.
Il avait 75
ans selon le calendrier qui nous régit mais le temps comme l’âge n’ont guère de
sens pour cet être extraordinaire au sens où l’entendait G.I. Gurdjieff.
Beaucoup de ceux qui l’ont croisé le trouvaient énigmatique, mystérieux,
insaisissable.
Homme d’une
discrétion absolue, il aimait l’ombre lumineuse. Beaucoup l’ont connu seulement
comme celui qui aura développé la SEPP, cette société qui fournit les décors de
la plupart des rites maçonniques et de nombre de sociétés et ordres
chevaleresques ou initiatiques. En réalité, il fut l’une des personnalités les
plus influentes et marquantes de la scène initiatique européenne mais aussi un
acteur essentiel de la vie des sociétés initiatiques asiatiques qu’il
connaissait parfaitement.
Nous
l’avons rencontré à la fin des années 80 et il nous aura accompagnés pas à pas,
veillant sur nous et sur nos travaux avec une vigilance infaillible, jusqu’à
son départ et sans nul doute au-delà.
Il fut
l’ami intime et le frère d’armes de Robert Ambelain dont il resta très proche
jusqu’au départ de celui-ci pour l’Orient Eternel. Il eut une activité
maçonnique et martiniste importante même s’il était avant tout une âme venue
d’Asie. Il fut entre autre Préfet de Neustrie au sein du Régime Ecossais
Rectifié de la GLNF et c’est lui qui, bien plus tard devait être à l’origine du
Petit Prieuré Martiniste de l’Ordre Martiniste des Chevaliers du Christ.
Il assuma
pendant plus de vingt ans la fonction de Veilleur d’un Collège interne consacré
aux alchimies internes, occidentales et orientales, au côté de Lima de Freitas
et de Robert Amadou, collège qui assume encore aujourd’hui la triple fonction
que ces trois personnalités lui avaient assigné de Conservatoire, de
Laboratoire alchimique et d’Oratoire.
C’est lui
qui nous a introduits au milieu des années 90 aux mystères lusitaniens en nous
envoyant en « mission » dans ce Portugal qu’il aimait tant, et qui
devait devenir notre terre spirituelle.
Le
bouddhisme, le taoïsme et le shivaïsme (y compris sous la forme du shaktisme)
lui étaient très familiers, particulièrement dans leurs aspects les plus
ésotériques. Il a ainsi veillé, une fois encore, sur les destinées et les
pratiques d’une société initiatique singulière, dont le cercle probatoire se
nomme ChTmSn. Dans une perspective exclusivement non-dualiste, il a toujours
abordé la question des praxis internes avec une grande rigueur et,
simultanément, une grande liberté. Enseigneur minimaliste et quasi-invisible,
il aura compté et comptera encore pour plusieurs personnalités qui animent
depuis plusieurs décennies la scène initiatique européenne.
Voilà
longtemps qu’il était prêt pour l’ultime voyage et si sa disparition peut
attrister nos personnes temporelles, elle est pour nos êtres en liberté une
férie, une célébration de Cela qui Demeure.
Voici ce
qu’il écrivait en conclusion de sa préface aux Propos du Moine Durian Secret[1]
sous son nom chinois, Lao Hon Vai :
Partir,
rester, tout est égal.
L'éveil
direct est sans éveil.
Le non-vide
est la vraie vacuité.
Entretenir
l'esprit à garder le silence, c'est comme, accessoirement, s'écarter des
vices.
Le moine
errant, qui repart en pèlerinage, avec son ombrelle.
S&R B
R H-T
Tous
ceux de l’O.R.D.O. et de ChTmSn
[1]
Les propos du Moine Durian secret de Rémi Boyer, Éditions Arma
Artis, La Bégude de Mazenc. ISBN : 978-2-87913-145-0.